• Partie 2: Natalité - Petite enfance - Emigration

     

    Population béarnaise au XVIIIe

     

                        Natalité- Petite enfance- Emigration

     

                      1) La natalité

     

         La famille du XVIIIe siècle est composée en moyenne de 4 ou 5 enfants. Si on part du principe qu’une femme se marie vers 27-28 ans, qu’elle sera ménopausée après la quarantaine – plus tôt qu’actuellement - , qu’il faut tenir compte de l’allaitement maternel  - qui rend « stérile » une femme durant 2 ans , l’aménorrhée ou une mise en nourrice -, de la mort potentielle d’un des deux conjoints (si on se base sur une espérance de vie de 40-45 ans, la durée du couple , lui-même, oscille dans les quinze ans), elle donnera naissance à six ou sept enfants, c’est-à-dire en moyenne un tous les deux ans et demi ,et, enfin, d’une part minorée des couples ayant eu plus d’enfants ,  la moyenne correspond aux chiffres donnés précédemment. 

    A Bilhères-d’Ossau, on note que pour la période qui s’échelonne entre 1740 et 1779, la « proportion des femmes restées cinq années sans avoir eu d’enfant augmente constamment avec l’âge : elle représente la part la plus importante à partir de 40 ans... », par contre celles comprises dans le groupe d’âges 25-29 ans ayant eu trois enfants en cinq ans de vie conjugale leur proportion est réduite et « atteint un maximum de 16 % ».

    Le même auteur s’est penché sur les conceptions prénuptiales  et constate qu’entre 1740 et 1859, "sur 245 premières naissances, 20 se sont produites à moins de 8 mois du mariage, soit une proportion de 8,1 %. " Puis, il note que « 12,9 % des premières naissances issues du groupe d’union 1740-1779 surviennent avant 8 mois ; ce pourcentage tombe à 7,7 % pour le groupe 1780-1819... » Il conclut qu’à la fin du XVIIIe siècle, « la fréquence des conceptions prénuptiales diminue fortement ; cette époque correspond ,on le sait pour Bilhères, aux progrès dans la limitation des naissances... »2  

     

    Ce qui a surtout fait baisser le nombre d’enfants c’est l’arrêt précoce des conceptions.  La pratique de la contraception a été analysée. On connaît  le fameux « coitus interruptus » (mais peu efficace) - un des « funestes secrets et les pernicieux exemples  » -  mais aussi l’usage de drogues ou de recettes (comme un breuvage à base de soufre). Elle s’avère être bien entendu un frein à ce bond démographique. Les lavements vaginaux et les préservatifs sont aussi des pratiques que l’on use à l’époque notamment en ce qui concerne le condom (constitué par exemple d’intestin de mouton et de consistance relativement épaisse que l’on devait assouplir en le trempant dans du liquide comme du lait) apprécié notamment par les libertins.  L’exemple vient des classes supérieures (noblesse, grande bourgeoisie) où on constate que les naissances durant le XVIIIe siècle passent de cinq à deux en ce qui concerne surtout la noblesse - ce qui est en contradiction avec un phénomène observé par les démographes, celui d’une baisse du mariage de 19,3 ans à 18,4 ans et  avec ce qui se passe chez les classes populaires - se propage très lentement au sein des classes inférieures, des classes urbaines vers les classes rurales notamment lorsqu’elles se détachent quelque peu des préceptes religieux et moraux de l’Eglise, ceci à la fin du XVIIIe (alors que l’Eglise condamne toute pratique contraceptive, n’est-ce pas un péché mortel ?).

    Hélène Bergues cite les propos de l’abbé Coyer en parlant des agriculteurs : « Il se répand un bruit peut être trop fondé que ces hommes grossiers dans le sein même de leur mariage ont trouvé l’art de tromper la nature » 3

    Ces pratiques contraceptives correspondent pour l’Eglise à une totale fermeture à la vie.  Elles ont davantage touché certaines zones rurales dans la seconde moitié du XVIIIe puis se sont étendues à peu près partout dans la décennie 1790-1799. Une des conséquences de cet acte est la mise en valeur de l’enfant dans le couple. Moins d’enfants, c’est plus de temps pour s’occuper d’eux.  Mais le relâchement des mœurs au XVIIIe sera plus perceptible à partir du XIXe.  Cela n’empêche pas que des cas d’enfants illégitimes ou d’enfants abandonnés soient constatés, dans les campagnes, le pourcentage gravite autour de 1%, il est un peu plus fort en ville, à Lille, par exemple où il atteint un chiffre très élevé, 12,5% des baptêmes.

    A Pardies, Delphine Nougué 4, comptabilise trois naissances illégitimes en 1774, deux autres en 1775. Voici ce que l’on peut lire sur le registre : « le 18 avril 1774, née Marie de Cazaubon de Nay, fille illégitime de Jeanne de Casaubon de Nay, sa mère, son père est un passant inconnu. Sa fille nouvellement née a été transportée dans ce lieu pour y être nourrie et baptisée par le consentement du curé de Nay le lendemain ». 5

    A Bilhères, Michel Fresel-Lozey  constate qu’à partir de 1780 qu’une « régression générale des taux de fécondité légitime » a eu lieu, de même qu’une « diminution de la taille des familles et un abaissement du temps de constitution de ces familles », « un accroissement sensible de l’espacement entre les naissances successives » et, enfin, « une évolution de la fréquence de l’infécondité définitive et son corollaire, une fécondité d’autant plus forte que l’âge au mariage de la femme est plus élevé ». Son analyse lui permet d’en conclure qu’il y a bien eu  « la présence de pratiques contraceptives ». 6

    Le même auteur note une faible part des naissances illégitimes à Bilhères, de l’ordre de 2,1 %. 7

         Pourtant, le concile de Trente de 1563 a bien tenté d’interdire les naissances hors mariage, cette proscription sera par la suite renforcée par l’ordonnance royale d’Henri II qui contraindra les femmes (« toutes filles et femmes veuves, lesquelles se seraient laissées séduire et rendre enceintes ») à déclarer leur grossesse  « dans les bourgs et villages au maire ou officier principal de justice, dans les villes au prévôt ayant juridiction ou au lieutenant général du baillage, chacun selon sa condition, dont sera dressé acte… ».

    Ces femmes, si elles ne réussissent pas à trouver un mari, sont sujettes à l’opprobre de la société, surtout si elles vivent dans un village dans lequel elles sont considérées comme des filles de mœurs légères. Michel Fresel-Lozey mentionne qu’à Bilhères « la proportion des célibataires à 50 ans et plus... progresse..., un net ralentissement de la nuptialité se dessinant dès la fin du siècle... il faut noter cependant un net accroissement du célibat définitif concernant principalement les femmes et ce dès les générations précédant la fin de l’Ancien Régime : 9,5 % de célibataires dans la génération 1700-1729 contre 17,6 % dans celle de 1756-1785. » 8

    Certaines femmes tentent de conclure un accord à l’amiable, comme une dénommée Marie Darrigrand qui ne parvient pas à décider Jean de Loustau de se marier. Elle décide de le poursuivre en justice auprès du sénéchal et gagne son procès puisqu’elle obtient 450 livres de dédommagements afin de nourrir et de soigner le bébé. Ceci se passe le 14 février 1708. Quelque temps plus tard, le fils naturel sera reconnu par le père et l’enregistrera en son nom et, même mieux, contractera un mariage avec Marie Darrigrand le 17 novembre 1709. L’acte notarié ne nous dit pas si Jean de Loustau n’a pas tenté par ce biais de récupérer son argent. 9 Malheureusement pour ces infortunées, cela ne se conclut pas toujours  de cette manière. Plusieurs d’entre elles seront acculées à abandonner leurs enfants. On parle d’enfants « abandonnés » lorsque les parents sont connus, qu’ils les ont élevés, mais qui ont dû les abandonner sans que l’on sache plus tard ce qu’ils sont devenus. Tandis que les « enfants trouvés » sont ceux qui ont été exposés dans un lieu en général public comme un hospice par un ou par les deux parents.

     

    Dans ce dernier cas, on n’abandonne pas les nourrissons dans la voie publique si la mère est acculée à la dernière extrémité (naissance non désirée, baisse drastique des revenus, accident), elle dépose le plus souvent dans le « tour » d’un hospice comme à Pau, où un tambour cylindrique permettait à la mère de rester anonyme, il suffisait alors d’attirer l’attention de quelqu’un pour reprendre le bébé par une sonnette en toute discrétion. Rouen est la première ville française où le « tour » est utilisé en 1758. La mère laisse parfois  un message (le « billet ») sur le berceau ou une quelconque indication, pensant probablement revenir plus tard le reprendre.  Ou alors elle le dépose devant la porte des notables – à l’occurrence les jurats -, d’une église ou d’une chapelle, d’une maison particulière ... Un trousseau, pour la moitié des cas, est associé. Toujours à Pau, l’abandon des enfants se déroule surtout en hiver et au printemps, Christian Desplat écrit qu’un seul enfant « exposé » est retrouvé mort (à Paris, 60 % des enfants-exposés  de l’Hôpital des Enfants-Trouvés, institution créée par Vincent de Paul en 1638, décèdent avant d’atteindre l’âge d’un an) , il s’agit un nourrisson de sexe féminin âgé de cinq mois décédé « à la sortie du sein de sa mère », l’événement se déroule en juin 1772, le bébé ayant été déposé sur le ruisseau du Hédas. Pour près de 43% des enfants exposés il s’avère qu’ils sont âgés de quelques jours. D’autres chiffres afin d’illustrer ces propos, pour l’année 1789, on dénombre 128 exposés, « 32 avaient moins d’un jour, 26 moins de huit jours, 20 moins de 15 jours, 5 moins de six mois, 5 seulement moins d’un an. » 10

          Le même auteur émet l’hypothèse que ce sont les enfants de sexe féminin qui ont été essentiellement abandonnés par les parents, vu que leur efficacité était jugée moindre pour les grands travaux. Il termine en précisant que l’abandon d’enfant se faisait dans la douleur : « Que l’abandon soit la réponse du désespoir à l’exclusion sociale qu’entraîne l’illégitimité, ou le seul remède des pauvres contre les crises conjoncturelles, aucun doute sur ce point ». 11  

    En effet, si on observe l’allure générale de la croissance économique et celle des abandons d’enfants, elles se suivent. Quand la conjoncture est bonne, le nombre des abandons diminue lorsqu’elle devient dramatique, c’est-à-dire synonyme de chômage, de misère sociale, elle augmente. Il faut y adjoindre également la pression exercée par la famille et la communauté. Qu’adviennent-ils plus tard ? On sait, en ce qui concerne l’Hôpital de Pau, pour l’année 1786, que la moitié des enfants exposés meurent avant d’atteindre leur première année et que 83 % décèderont avant de parvenir à l’âge de sept ans.

    Le même auteur affirme que l’avortement et l’infanticide sont des pratiques rares. Il rajoute que la « croissance, tant rurale qu’urbaine du taux des naissances illégitimes fit de l’abandon, « l’exposition », le fléau de la fin de l’Ancien Régime » et de citer l’exemple de la commune de Billère dans laquelle « le nombre d’enfants illégitimes l’y emporta pendant plusieurs années sur celui des enfants légitimes ». 12

    Christian Desplat nous cite un exemple de billet laissé avec l’enfant abandonné que les jurats palois conservèrent à partir de 1770 : « Cet enfant est né et baptisé le 12 du mois de mars dont le nom est Bernard, mes sœurs de l’hôpital je vous prie de le faire nourrir, devant Dieu vous serez récompensées. »

     

    On connaît l’œuvre entreprise par Vincent de Paul pour recueillir les enfants abandonnés » notamment par la fondation en 1633 de l’Ordre des Filles de la Charité et, en 1638, de l’Hôpital des Enfants-Trouvés mentionnés plus haut grâce aux dons provenant des gens de la haute société et du roi Louis XIII qui versera  4 000 livres. Son exemple fut peu ou prou suivi par d’autres villes du royaume. Déjà à l’époque, certaines personnes accusaient ces hospices d’enfants trouvés d’inciter les parents à les abandonner tout en soulageant leur conscience.

     

         Les registres paroissiaux enregistrent plusieurs cas, soit de naissances soit de décès d’enfants illégitimes. Jacques Staes qui a étudié ceux d’Aramits note que « dans les quatre décennies de l’Ancien Régime, le nombre des enfants illégitimes ait été particulièrement élevé : en 1767, sur 29 baptêmes, on compte 4 enfants illégitimes ; en 1768, sur 27 baptêmes, 4 enfants illégitimes ; en 1769, sur 24 baptêmes, 4 enfants illégitimes ; en 1784, sur 30 baptêmes, 4 enfants illégitimes ; en 1786, sur 35 baptêmes, 5 enfants illégitimes ». Il rappelle qu’une femme célibataire enceinte se devait se soumettre aux lois et déclarer son état et informer le nom du père devant un jurat. Le curé, quant à lui, lors de l’enregistrement du nourrisson sur le registre des naissances, faisait état de la paternité. Toutefois, certaines femmes ne nommaient guère le père comme cette jeune fille âgée de 25 ans nommée Catherine de Labat originaire de Gastes dans le diocèse de Bordelais qui le 19 mai 1711 « n’ayant pas voulu déclarer le père ; Bernard Bégué, du présent lieu d’Aramits, où elle s’étoit réfugiée, est intervenu et m’a répondu de la susdite fille, me promettant d’en avoir le même soin que si c’étoit sa fille et pour cet effet, il s’est offert pour parrain et sa femme pour marraine ».  13

    Delphine Nougué, dans son analyse de Pardies, comptabilise pour l’année 1774 trois naissances illégitimes et deux en 1775. Elle mentionne l’exemple de Marie de Cazaubon de Nay, fille d’un « passant inconnu ». Elle a été baptisée par le curé, car elle réside à Pardies auprès de sa mère Jeanne de Cazaubon et de ses parrains vivant également dans la même communauté, Pierre Carrère-Lus et Marie de Loustalet. 14

    Dans certains cas, les parents, par le biais d’un mariage, reconnaissent leur enfant illégitime ce qui advient notamment le 17 août 1764 : « L’an Mil Sept Cens soixante quatre et le dix sept aout ont recu la Benediction nuptialle aux formes prescrites par l’Eglise Paul Castagnet dulieu de St James ... et Jeanne Lamouzé... dud. lieu de St James... sans quil ait apparû d’aucun empechement civil où canonique n’y d’opposition de personne la Ceremonie a été faite par Nous  Curé  sous Signé présents et témoins..., non les Epoux pour ne scavoir a ce qu’ils ont declaré et en presence des mêmes temoins les dits Epoux ont declaré quil est né d’Eux le premier aout l’Année Mil sept cens Soixante deux, un Enfant Mâle Appelé Pierre, Lequel ils reconnoissent Comme Légitime  et né Sous la foy du Mariage. » 15

     

         Comme le monde gravitant autour du village est assez restreint et que la faute devient visible, assurément soit l’infortunée s’en allait ailleurs, particulièrement en ville, soit elle légitimait par un mariage. Delphine Nougué précise pour le cas de Pardies que la plupart des baptêmes considérés comme illégitimes sont le fait d’étrangers à la communauté venait se réfugier, car note-t-elle, la conception étant considérée comme non officielle, la faute rejaillissait sur la famille. En 1774, par exemple, les parents de ces enfants domiciliaient auparavant à Monein, Navarrenx, Gan ou Arros. Elle rajoute alors que l’on attribue le nom de l’individu à l’enfant illégitime qui en prend soin.

    A Billère, proche de Pau, le taux du nombre d’enfants illégitimes entre 1693 et 1715 est de 6,1 %  pour atteindre celui, très important, de 30,4 % durant la période 1773-1790. Comme nous l’explique Christian Desplat, Billère est devenu à la fin du XVIIIe siècle «… le lieu de refuge  des rurales fautives mais surtout l’exutoire de l’immoralité urbaine toute proche. » 16

     Dans le milieu rural, une autre stratégie pour diminuer la fécondité réside dans l’allongement des intervalles entre les naissances ou intergénésiques. Une autre explication peut être avancée, vu que les décès d’enfants amorcent une relative baisse, pourquoi continuer  à tenter de compenser comme cela se faisait préalablement ?

         L'allaitement a été avancé pour expliquer aussi la baisse de la fécondité. L'explication donnée a été contrée par ceux qui répondaient qu'en ville le recours des nourrices était de plus en plus pratiqué .

         A quelles époques se déroulaient les naissances ?  Majoritairement, à la fin du printemps et au début de l’été, c’est-à-dire en mai et juin, puis, moins intensément, à la fin de l’automne et au début de l’hiver, soit de novembre au mois de février et, enfin, les périodes de la fin de l’été et l’hiver correspondaient à des phases mineures. Les causes sont soit naturelles, soit religieuses (correspondant au rythme saisonnier imposé par l’Eglise aux mariages, un temps liturgique  définit les moments dans lesquels les relations charnelles sont autorisées) ou soit économiques (fin des travaux agricoles les plus éreintants). Le mois où on se marie le plus et où les conceptions sont les plus nombreuses à Pardies est le mois de février. Delphine Nougué l’explique par le ralentissement des travaux agricoles et la présence de nourritures. Le mois d’octobre suit, car les récoltes ont été faites.

    Michel Fresel-Losey a analysé dans le village de la vallée d’Ossau, Bilhères-d’Ossau, les fluctuations saisonnières des conceptions et a constaté que le mois le plus dominant est juin, entre 1700 et 1799, suivi des mois de mai et avril. Par contre, les mois les moins représentatifs correspondent à l’hiver (janvier, février et mars). 17  

    Avant l’accouchement, la future mère continue à vaquer à ses occupations habituelles parfois même jusqu’au dernier jour, elle tente d’éviter bien entendu tout accident fâcheux, mais aussi celui qui pourrait avoir des répercussions ultérieures comme de regarder une personne atteinte d’un tic et qui immanquablement se transmettrait sur l’enfant. A cet effet, elle doit se protéger elle et son enfant en utilisant soit des talismans ou amulettes qu’elle se procurera auprès d’un sorcier afin de le conjurer du « bisatgle » - ce que l’on nomme couramment le mauvais œil - ou ira en pèlerinage dans une des fontaines miraculeuses qui existent en Béarn comme à Doumy, lieu de pèlerinage en l’honneur de Sainte-Quitterie. On disposera autour de l’enfant  du sel, de l’oignon, de l’ail...

     

         L’accouchement se déroule le plus souvent à la maison, dans la pièce principale peu éclairée si ce n’est par la cheminée. Il s’opère rarement à l’extérieur, aux champs... Pas d’hommes (par contre souvent présent à proximité afin peut-être d’aller quérir un prêtre...), seulement les parentes et les voisines (pas de jeunes filles, des femmes mariées ou des veuves) qui assisteront l’accouchée alitée en position assise jusqu’à ce que la position allongée préconisée par les médecins soit adoptée peu à peu. Une matrone, ce que nous qualifions de « sage-femme », participe et par son expérience gère l’accouchement. Cette dite expérience est le résultat de son observation acquise auprès d’une autre matrone, d’avoir accouché elle-même plusieurs fois et par un savoir transmis oralement.  Ce sont généralement des mères de familles mariées, issues de  véritables dynasties. Sa rétribution est minime, souvent en nature, voire gratuite.  Ce dit savoir pouvait être dangereux, le crâne était parfois remodelé par ses mains ce qui occasionnait des conséquences désastreuses comme l’endommagement des cerveaux, elle incitait la mère à sauter pour faciliter la sortie du bébé, elle usait de pansements non stériles…

     

     La scène a lieu près du feu pour l’éclairage et la chaleur, le lit et  une chaise renversée afin que l’on l’utilise comme un dossier… Le nécessaire consiste également en des bassines d’eau, des chiffons..., des outils qui traînent dans la pièce comme une pelle à feu s’il y a une complication...,par conséquent, il s'avère restreint. Le manque d’hygiène est indéniable. Il existe plusieurs pratiques.  Elle opère sans désinfection, pour extraire le nourrisson, par exemple elle appuie sur le ventre de la mère. Si l’accouchement ne se déroule pas « naturellement », que des complications surviennent, la vie du nourrisson ne tient qu’à un fil du fait souvent du manque de compétence des sages-femmes.  Elle lui coupe le cordon ombilical (parfois avec les dents), pour ce qui concerne le sexe mâle elle le coupera sur une longueur plus ou moins longue tandis que pour le sexe féminin elle le tranchera au ras. Le reste est fréquemment enterré au pied d’un arbre.

    Si le nourrisson a un physique jugé désavantageux, il  sera façonné par ses soins vu que l’ossature est encore délicate. 

     

    Pour ce qui est des accouchements, on fait, par conséquent, rarement appel aux médecins et aux chirurgiens.

    Mais une école de sages-femmes a été fondée en 1783 à Pau. Une femme du nom d’Angélique Marguerite du Coudray, de son vrai nom Angélique Le Boursier, au début matrone puis sage-femme officielle de Louis XV par la suite, écrit un traité sur l’accouchement – Abrégé de l’art des accouchements -, doté de croquis anatomiques en couleurs, elle arpente le royaume de France  afin de transmettre ses connaissances à de futures praticiennes et à des chirurgiens, elle fera des démonstrations à l’Hôpital de Pau, elle formera 5 000 sages-femmes avant de prendre sa retraite. A cet escient, elle utilisait un mannequin obstétrical inventé en 1756 par souci pédagogique, il représentait une femme grandeur nature, confectionné avec du coton jaune clair, du cuir souple et de véritables os et comportant une matrice. De plus, une poupée avec un corps souple était reliée au mannequin par un cordon ombilical. 

    En ce qui concerne Pau, ce sont les Etats de Béarn qui prennent l’initiative en 1785 de lancer un concours afin d’employer un professeur capable de dispenser des cours. C’est un Palois qui est choisi du nom d’Adéma. Puis se pose le problème délicat de décider de l’utilisation soit du fameux mannequin conçu par Mme du Coudray, soit de la « matrice de verre ». La solution est vite trouvée, on se saisit du mannequin laissé à Auch par la sage-femme, une poupée de son. L’école forme, entre 1786 et 1788, quarante personnes et on en ouvre une autre à Oloron. 18

    En général, dans le reste du royaume, elle donnait ses leçons pendant une période de deux mois, puis ses élèves devaient se former auprès de chirurgiens durant deux semaines.

    Mme du Coudray avait reçu une mission de la part du roi - elle obtient un brevet royal en 1759 - favoriser l’essor de la population en apprenant à des femmes peu expérimentées, notamment dans le monde rural de pratiquer l’accouchement sans aucun risque. Elle-même avait obtenu un diplôme du Collège de chirurgie. Afin de se déplacer seule parmi les hommes, surtout lors des premières années, elle avait emprunté ce nom noble. En 1767, une pension annuelle octroyée par le roi s’élève à huit mille livres, de plus vient se greffer une pension de retraite qu’elle prend à l’âge de soixante-sept ans. Elle a formé près d’une dizaine de milliers de sages-femmes sur près d’une quarantaine de villes à travers la France. 19

    Au même moment, des instruments apparaissent comme les forceps...

     

         Le baptême, le premier des sept sacrements catholiques, a lieu dès les premiers jours (le jour même ou le lendemain si possible) du fait de la forte mortalité infantile, afin que l’âme du bébé ne puisse point errer jusqu’au Jugement dernier et devenir un enfant de Dieu. Par principe, c’est un sacrement qui a pour mission d’annihiler la tache originelle. Mais il symbolise également un « rite de socialisation ».

    Ce qui explique aussi que lors de l’accouchement, si le nourrisson meurt la « matrone » peut administrer le sacrement du baptême par ondoiement si elle a été agréée par le curé. C’est le cas à Pardies le 9 février 1780, la sage-femme  baptise Jean Laulhé, fils de Jean Laulhé et de Jeanne Camy .Toujours dans la même paroisse, le 6 octobre 1778, on peut lire dans le registre des naissances : «... est né raymond de toulet, fils illégitime des ms jean de toulet et catherine de brèque de ce lieu ses père et mere ; le d : fils a été Baptisé d’abord ...par la Sage femme de ce lieu à cause ...de sa mort et les cérémonies de leglise ayant été..., le même jour de la reception de Son Bapteme , par le curé. »20   On connaît les noms des sages-femmes qui opéraient dans la communauté, Marie Clos et Marie Vergé de Saint-Abit.

     

     Autre exemple pris dans les registres d’Orin. « Ce Lundy vingt Cinquième du mois D’avril  mil Sept Cen Soixante quatorze  est né et a été ondoyé a Cause du peril de mort un garçon qui mourut D’abord après londoyement  fait par Catherine de Labaraque femme Sage d’Orin, né du légitime mariage de jeanpierre hounie du lieu D Esquiule et de marguerite de Laborde de Préchacq en Josbaig habitan chéz r… dorin Laboureur de profession ainsi qu’il nous Conte par l’examen que nous avons fait  de lamanière dont a été administré ledit ondoyement par laditte Catherine de Labaraque , femme sage… »  21 

    Dans le registre d’Arette, on peut lire une mention du serment prêté devant le curé permettant à la sage-femme le droit d’exercer sa fonction. Nous sommes le 17 mars 1705 : « par moy pretre et vicaire d’Arète et Le sr Benedit, chirurgien Soubs Signez  chacun en ce qui regarde notre ministere, a Eté examinée Catherine de Betbeder, dud. lieu, pour voir si elle étoit capable d’assister Les femmes dans Leurs acouches et, après son examen, m’ayant preté serment de fidélité sur les sacréz Evangiles des s’acquiter dignement de tout ce qui Regarde cette fonction commune sage femme doit faire tant pour la Santé de la Mere que pour le Salut de L’enfant, avec toutes Les précautions possibles, en bonne chretienne, Je lui ay donné pouvoir d’exercer cette charge. Temoin Jean de Rachou  qui a Signé avec les det.Sr , De Benedit et moy ».22

    A Morlaàs, à la lecture des registres de naissances de la paroisse Saint-André, la sage-femme nous apparaît par contre plus stricte sur la pratique des ondoiements. S’il y a un doute, elle baptise sous condition comme on peut le constater : « Le quatrième Juillet mil sept cens trente Sept a esté baptisé dans leglise st andré de morlaas sous condition le nommé pierre dans la maison de... de cette paroisse le quinzième de juin dernier et Lad. de pedebeye... sage femme nous ayant declare quelle doute de la validite du bapteme dud. Pierre attendu que lorsquelle elle luy donna leau du bapteme il nestoit pas encore né et estoit encore dans le ventre De sa mere... »23 

     

    S’il meurt après le baptême, il acquiert la béatitude éternelle. Les bébés n’avaient pas de nom, ils n’appartenaient ni dans le monde des vivants ni dans celui des morts. Ils allaient dans les limbes. On les excluait lors de leur inhumation de la terre consacrée, par conséquent du cimetière paroissial. Ce qui expliquait qu’on les enterre chez soi, c’est-à-dire dans son jardin par exemple. Il arrivait que l’on puisse les inhumer dans une partie du cimetière non consacré.

     

    L’acte se déroule le jour même de sa mort également. Encore à Pardies, le 27 juillet août 1774, « est décédé louis de Beseille de pau, fils illegitime de srs Beseille  et lardos de pau, ses père et mere , agé de 20 mois , muni du sacrement de Bapteme ; son cadavre a été inhumé 13 heures apres son decesdans le Cimetiere de cette église   , avec les Ceremonies Celestes , pratiques en pareille fonction innoscente , faite par le curé... » .  24 

    Delphine Nougué cite un autre exemple pris dans le même registre de décès de Pardies, nous sommes le 23 novembre 1774, un enfant mort-né est baptisé. «... décès de Marie Nougues de Pardies avant sa naissance complète, après avoir été baptisé ; la mort est survenue avant l’extraction de sa tête. » 25

     

    Si le nourrisson réussit à survivre même après l’administration du sacrement par la sage-femme, le prêtre « prend la main » et organise, lui aussi, la cérémonie. 

    Le synode d’Avignon de  1337 exigeait que le baptême se fasse vingt-quatre heures après la naissance, le concile d’Aix de 1585 allait plus loin puisqu’il menaçait d’excommunier les parents s’ils ne baptisaient point leur nourrisson avant le huitième jour.  Lors de la cérémonie, sont présents les parrains et les marraines, leur importance est importante puisqu’ils sont considérés comme des seconds parents. Ils représentent les « témoins de la foi en Jésus-Christ » .A ce titre, par le symbolisme que représente la tenue du bébé sur les fonts baptismaux par eux, ils auront la charge de remplacer les parents s’ils décèdent. Ils devront assurer l’éducation religieuse de l’enfant et accompagner leur filleul (le) à chaque sacrement. A eux leur incombent les tâches d’offrir les cadeaux traditionnels que l’on donne le jour du baptême, de leur procurer de l’amour à partir de ce moment. Qui sont-ils ? En général, on les choisit parmi la famille (frères ou sœurs, oncles…) ou on opte pour le seigneur.

    Par exemple, en 1786, à Pardies, le seigneur Samson François de Péborde et sa fille, Josèphe de Péborde, sont le parrain et la marraine de Josèphe Bergerou. Comme ils ne sont pas présents lors de la cérémonie, ils sont représentés par deux habitants de la localité dont un jurat. On remarque que ce n’est pas la première fois, Delphine Nougué précise que cette pratique symbolise le besoin de protection surtout lors des périodes difficiles.

    Ce jour de baptême qui permet au nourrisson d’être préservé par le biais de l’eau bénite et de l’huile sainte est tellement perçu comme important que les parents y adjoignent d’autres rites. Faire bien attention à ce que les cloches sonnent, par exemple, par crainte que l’enfant devienne sourd ou alors s’assurer que le cordon ombilical ne se perde pas, on l’enterrera sous un rosier afin qu’il soit beau et qu’il évolue en bonne santé, ou alors enfoncé dans une entaille de la poutre maîtresse de la maison et surtout pas le brûler sinon on risquerait de provoquer sa mort à l’âge adulte, passer plusieurs fois sous le dolmen de Busy....

    Quelques mots sur le rite du « desbatiat » ou le « débaptisé », les Béarnais redoutaient que le nourrisson soit enlevé par les sorcières et lors du Sabbat soit débaptisé et appartienne dorénavant au Diable.

     

     

         Le choix du prénom n’est pas pris au hasard. Le Concile de Trente oblige de prendre des prénoms de personnages canonisés, pris dans le Nouveau  Testament, de martyrs, de saints, Ainsi pensait-on que l’on établissait une relation privilégiée entre l’enfant et le saint, lui servant d’exemple et le protégeant, on dit que l’on place l’enfant sous le patronage du saint. L’Eglise tente d’éviter que l’on prenne des prénoms ridicules ou profanes, comme Apollon, Diane… et que l’on s’inspire de saints symbolisant plutôt une piété profonde vis-à-vis du créateur. Chez les protestants, on opte davantage pour les prénoms que l’on trouve dans l’Ancien Testament, ceci du moins avant la Révocation de l’édit de Nantes, car par la suite, ils doivent montrer profil bas. On donnait les prénoms des parrains et marraines en les masculinisant ou les féminisant. Les parlementaires cherchèrent à se singulariser du reste de la population en donnant à leur progéniture des nouveaux prénoms ou très peu usités telle Angélique pour les filles ou encore certains issus de l’Antiquité comme César. Les prénoms issus des patronages locaux sont de moins en moins choisis tels Quitterie, Bertrane…

    Du fait qu’à l’époque le lien entre le passé (les morts ...) et l’avenir (la naissance...) était considéré comme important dans l’imaginaire des gens, la coutume de donner le prénom des grands-parents a perduré longtemps. On pensait que l’âme des défunts renaîtrait alors. Croyance qui s’inscrivait également dans le souci de perpétuer la famille.

     

    Le prénom de Marie pour les filles est celui qui domine (suivie de Jeanne, Anne...), pour les garçons on opte plutôt pour ceux des Apôtres comme celui de Pierre.

    Ce sont les marraines et les parrains qui sont, en principe, ceux qui choisissent le prénom. Il n’est pas rare comme à Pardies que les parrains ou marraines donnent leurs prénoms. Prenons l’exemple du baptême de « Guilhaume Camarade »  le 3 septembre 1786 parrainé par un dénomme « Guilhaume moncla ». 25

    Lors du baptême, la mère n’est point présente, vu qu’elle est considérée, par son état, impure. Par contre, quarante jours après l’accouchement s’il s’agit d’un garçon et quatre-vingts si c’est une fille, elle a la possibilité, lors de sa première sortie avec le nouveau-né, de faire célébrer une messe dite de relevailles afin de se purifier. Il s’agit à la fois d’une messe et d’une bénédiction, la mère tenant un cierge allumé tout au long de la cérémonie (rappel de la venue de la Vierge Marie au Temple de Jérusalem lors de la cérémonie de la purification en application de la loi de Moïse

     (voir Lévitique XII et Luc II, 22-24 ).

    A ce stade, il est capital de faire enregistrer le nouveau-né dans les registres paroissiaux. Ces derniers sont édictés par l’ordonnance royale de Villers-Cotterêts de 1539 qui ordonne la tenue des baptêmes dans chaque paroisse, complétée par celle de Blois de 1579 qui élargit aux mariages et aux sépultures. Plus tard, en avril 1667, l’ordonnance royale surnommée « Code Louis »  règlemente précisément la tenue des registres. L’article 8 est bien clair, deux registres seront tenus chaque année et comporteront pour le premier (constituant la « minute ») les actes de naissance, de mariage et de décès, les signatures des témoins (« demeurera aux mains du curé ou vicaire » tandis que le second (« la grosse » ou la copie) « sera porté au greffe du juge royal ».  Les deux registres « seront fournis annuellement aux frais de la fabrique avant le dernier décembre de chaque année ». L’article 13 menace les ecclésiastiques, si les règles ne sont pas respectées, ils seront punis par vingt livres d’amende. L’on sait que les curés ne suivront pas scrupuleusement le règlement jusqu’à ce que l’ordonnance royale de 1736 édicte de nouvelles prescriptions. Il est stipulé que les curés devront tenir deux originaux, l’un sur papier timbré, sera destiné à être préservé par le prêtre et, l’autre, sur papier ordinaire sera confié au greffe. Cette fois-ci, les règles seront respectées. Dix ans plus tard, en 1746, on décide que les registres soient séparés.

     

    Qu’en est-il des baptêmes protestants ? Depuis l’édit de Révocation de 1685  signé par Louis XIV, les protestants sont tenus de faire baptiser leurs enfants dans la foi catholique sous peine de payer une amende s’élevant à 500 livres en plus de subir l’enlèvement du nourrisson.

    Les Huguenots n’ont pas d’autres choix que de se soumettre, de faire baptiser leurs enfants dans la foi catholique ou de « résister » à leur manière. Certains ne sont point présents lors de la cérémonie, ils délèguent à la sage-femme et au marguiller (personne membre du conseil de Fabrique qui a pour fonctions de gérer le mobilier de l’église et de s’occuper du bon déroulement des rites) les rôles de parrain et marraine. D’autres font baptiser leurs enfants dans la clandestinité, au Désert.

    Les autorités incarnées par le Parlement de Navarre sont plus ou moins tolérantes, entre 1756 et 1778, elles n’enregistrent que 7 procédures au sujet des baptêmes. Marie-Hélène Grintchenko qui a étudié les baptêmes protestants au XVIIIe écrit que cela représente « 0,3% des sacrements célébrés au Désert » durant cette période. Elle rajoute, que pour la plupart d’entre elles, elles n’aboutissent guère, par contre, elles se montrent moins intraitables vis-à-vis des « pasteurs, les assemblées et les mariages du Désert ». Comme en mars 1778, date à laquelle les dragons du régiment de Belzunce sont mandatés par l’évêque de Dax afin de  poursuivre les pasteurs Berthezène et Marsoo à Orthez, mais ces derniers réussissent à leur échapper. Lors de cette dernière dragonnade, leur mission consiste également à rechercher et à incarcérer ceux qui fournissent leurs granges aux huguenots afin qu’ils puissent s’y rassembler et à y apposer des scellés.

    Les curés sont par ailleurs soucieux de faire pression sur les protestants, la même auteure rappelle par exemple que souvent, ils écrivent dans les registres paroissiaux au sujet des bébés morts, nés de l’union entre des huguenots mariés au Désert, que ce sont des bâtards au moment des obsèques. Elle précise aussi qu’ils « allèrent même jusqu’à invalider des baptêmes protestants pour pratiquer des rebaptisations, contre l’avis de la hiérarchie catholique », pourtant le baptême « avait été un trait d’union fragile entre les deux communautés chrétiennes de la Révocation à la reconstitution des Eglises réformées. Le curé Suhare se fait remarquer, à Osse, par sa virulence à l’encontre des Huguenots puisqu’on constate une baisse du nombre des baptêmes protestants à partir de 1766.

    Après l’arrivée des pasteurs, le baptême devint une cause de conflits constants entre catholiques et protestants.

    La même auteure constate « un léger tassement du nombre des baptêmes au cours des ans «  après 1766. Puis dans la décennie avant 1789 la tendance augmente. La persécution n’a point trop d’impact à la fois sur les baptêmes et les mariages.

    Voilà les chiffres tirés d’un tableau dressé par elle : entre 1756 et 1768, 1560 baptêmes, entre 1769 et 1781, ils baissent pour atteindre le nombre de 1173 et, enfin, leur chute s’accentue entre 1782 et 1793 puisqu’on obtient le chiffre de 941. 26

     

    En ce qui concerne la religion protestante, à partir du milieu du XVIIIe, et notamment depuis le synode de Béarn du 17 juillet 1758 et les retours de pasteurs dans la province, la Réforme protestante renaît de plus en plus. Déjà durant la phase de 1745 à 1751, on note une recrudescence de la R.P.R. grâce à l’action et aux prêches lors d’assemblées de certains paysans, particulièrement à Bellocq et à Salies-de-Béarn. Tout cela scandalise bien entendu des prêtres catholiques conservateurs comme l’abbé Bonnecaze. N’écrit-il pas pour l’année 1755 : « ... ils commencèrent par se lever contre la police et les édits de sa majesté.Ils firent des assemblées considérables et nombreuses aux environs de Salies, dans le bois de Bellocq et à Orthez... On y alla célébrer des mariages, faire baptiser les enfants. On donnait au ministre, les riches 24 l. pour les mariages, et les autres 12 l. et pour le baptême 6 l. les protestants y accouraient de dix et douze lieues, même beaucoup de catholiques y allaient par curiosité. Du commencement, les ministres furent fort modérés dans leurs discours, afin de mieux faire goûter le venin de leur doctrine et faire des prosélytes. »

     

         Louis XVI signera l’édit de tolérance - appelé de « Versailles » - le 7 novembre 1787 qui sera enregistré par le Parlement le 29 janvier 1788. Il permettait aux protestants de bénéficier de l’état civil. Christian Desplat recense dans la même année la présence en Béarn de 1 083 familles protestantes, soit approximativement 4 742 individus. Il précise qu’il s’agit « presque exclusivement » de personnes à majorité « populaire » et de ruraux. 27

     

         Le baptême déroulé, on va se restaurer à la maison.

    Il est de coutume dans les régions que la mère ne quitte pas la maison durant quarante jours et s’astreigne à ne point commettre certains actes comme avoir des relations sexuelles avec son conjoint, d’aller au puits chercher de l’eau... On pense qu’elle est souillée, impure à la suite de l’accouchement.

     

        Quant au nourrisson, durant cette période propice à des dangers (troubles digestifs, toxicose… surtout en période estivale,) des accidents de tous ordres, on tentait d’en absoudre les nouveau-nés. Ces vicissitudes pourtant pouvaient survenir à tout moment (un enfant sur quatre meurt dans la première année). Comme ils vivaient constamment au contact des adultes et des autres enfants dans les quelques nombreuses pièces de la maison, il pouvait mourir étouffé dans le lit des parents s’il manquait un berceau malgré les recommandations religieuses , on l’emmaillotait sans savoir que cela pouvait le rendre bossu afin que ses membres ne se déforment pas, on ne le lavait pas pensant que la crasse serait une bonne protection contre les attaques de l’extérieur (par exemple, on ne nettoie pas la tête, car on croit que la crasse est un engrais), on le surveillait moins durant les gros travaux  d’autant plus que le lait de la mère pour les enfants de moins de 1 an souffrait d’un manque de qualité ... 

    L’utilisation du maillot - bande de tissu enroulé serré autour du corps - qui nous apparaît actuellement comme une contrainte est déjà combattue sous la Renaissance, au XVIe, par des médecins qui s’insurgent par la même occasion contre ce modèle de perfection qui pousse les accoucheurs ou les accoucheuses à manipuler les crânes pour qu’ils répondent à un canon soit en le déformant à l’instant soit en faisant porter au nourrisson des bonnets et des béguins.

     

         Si le couple ne parvient pas à avoir d’enfants, cette absence est mal perçue vu que le problème de la succession se pose alors. Déjà, cette crainte a lieu au bout d’un an d’union Les gens soupçonnent que la stérilité est due à la femme, on se moque d’eux. Le couple encourt alors à des remèdes, à des potions ou à la vénération de saints comme saint Léonard.

    Plusieurs enfants sont confiés à des nourrices habitant pour ceux qui habitent en ville dans des villages alentour. Cette coutume se développe surtout au XVIIe d’après Philippe Ariès malgré le fait qu’elle soit combattue par les éducateurs moralistes soucieux que les nourrissons soient nourris par leurs mères.

    Utiliser du lait des vaches était davantage le lot des pauvres, posant alors le problème de l’hygiène notamment lors de sa récolte et de son ingurgitation par le bébé. Cette dite coutume persiste jusqu’à la fin du XIXe dans les catégories sociales aisées - aristocratie et bourgeoisie - ceci malgré les mises en garde des philosophes des Lumières comme Rousseau. D’après le même auteur, ce sont « les progrès de l’hygiène, de l’asepsie «  qui écarteront les dangers liés au lait animal.28  

    Le sevrage s’effectue plutôt au moment de la poussée des premières dents, c’est-à-dire durant une période comprise entre vingt et trente mois.  

    C’est alors que l’enfant mute peu à peu dans l’enfance « publique ». Les parts « privé » et « public » vont s’interpénétrer. L’enfant a été noyé d’abord dans la sphère privée, auprès des parents, il va, ensuite, s’essayer progressivement à l’autonomie et à entrer dans la sphère publique.

    Au niveau alimentaire, alors la mère, pour les nourrir, leur donne des bouillies (pas toujours aussi élaborées...) et, pour boire, des eaux pas toujours exemptes de pollution. Ces effets, si on les ajoute aux chaleurs estivales, nous ramènent à ce que nous avons abordé préalablement, le fort taux de mortalité infantile.

     

    La superstition, l’ignorance... poussaient les Béarnais à repousser le mauvais sort des « brouches », les actes malfaisants du Démon... On disposait, comme cela a été plus haut, près de lui de quoi le protéger, du sel, du pain et de l’ail en occurrence. Il existait toute une panoplie de rites relatifs à la lutte vis-à-vis des sortilèges, surtout lors du baptême. Dans certaines contrées de France, on pend à son cou des dents-de-chien, on invoque des saints censés le protéger tel saint Blaise qui aurait la faculté de guérir des maux de gorge.

     

             2) L'enfance

     

         Philippe Ariès écrit, d’une part, que la découverte de l’enfance débute probablement au Moyen Age, au XIIIe siècle, mais davantage à partir de la fin du XVIe siècle et au XVIIe siècle et, d’autre part, que dans le passé l’idée d’enfance « était liée à l’idée de dépendance » et nous rappelle que les mots « fils, valets, garçons » correspondent à des « mots du vocabulaire des rapports féodaux ou seigneuriaux de dépendance ». Il mentionne alors qu’on « ne sortait de l’enfance qu’en sortant de la dépendance... », ce qui explique que ces dits mots ne concerneront que les « hommes de basse condition » soumis comme les « laquais, les compagnons, les soldats. » Pour ce qui est des petits enfants, le même auteur précise qu’en France, on emprunte alors à d’autres langues étrangères ou « à des argots d’école ou de métiers » des mots , par exemple, celui de l’italien bambino qui devient bambin ou du provençal pitchoun employé par Mme de Sévigné. Philippe Ariès note qu’à l’époque la différence entre l’enfance et l’adolescence n’est pas nette, toutefois il lie adolescence et virilité. Le conscrit au XVIIIe siècle correspond à l’adolescent. 29

     

    On posait le berceau par terre dans la salle commune des maisons rurales - surtout des gens peu fortunés -  et ceux qui veillaient sur le nourrisson œuvraient à d’autres tâches comme la confection de panier, des petits travaux comme la dentelle. Si l’enfant se manifestait, on poussait du pied le berceau.  Dans certaines contrées,  un des parents s’attachait une ficelle autour d’un des poignets et reliait l’autre bout au berceau afin de bercer le nourrisson. Des chansons dans le but de les endormir leur étaient chantées, le plus souvent sur des musiques douces, qui souvent comportaient des allusions aux aliments.

    Le bébé grâce à cette proximité baignait dans la chaleur humaine, regardait les gens vivre quotidiennement.

    Un préjugé propre à la relation que les parents entretenaient avec leur enfant persiste encore. On imagine à tort qu’en raison d’un taux de mortalité infantile élevé, l’amour parental était peu significatif.

    Autre idée reçue qui corroborerait ce point de vue réside dans  le sentiment d’« utilité »  que les gens percevaient vis-à-vis des enfants. En effet, chez les nobles, l’enfant revêt une grande importance vu qu’il assure la continuité du lignage et chez les classes populaires, il constitue la main-d’œuvre nécessaire dans l’agriculture et une « l’assurance-vieillesse ». Mais cela n’exclut guère à un attachement certain. Jacques Gélis écrit :" Il est difficile de croire qu’à une période d’indifférence à l’enfance en aurait succédé une autre pendant laquelle, le « progrès » et la « civilisation » aidant, l’intérêt l’aurait emporté... L’intérêt ou l’indifférence à l’égard de l’enfant ne sont pas vraiment la caractéristique de telle ou telle période  de l’histoire. Les deux attitudes coexistent au sein d’une même société..."

    Le même auteur mentionne qu’à partir du XVIe siècle, l’homme porte « un autre regard sur lui-même », il cherche à mieux se soigner et à guérir. « Les liens de dépendance vis-à-vis de la parenté... se distendent ; le corps gagne en autonomie, s’individualise... » Comme l’homme sait que son corps est « périssable », il le perpétue à travers celui de son enfant qui prend alors « une place aussi importante dans les préoccupations du père et de la mère : un enfant qu’ils aiment pour lui-même et qui fait leur joie de chaque jour. »  Où le changement s’est-il opéré ? D’abord en ville  puisque c’est là que la famille centrée autour des parents s’est implantée peu à peu à partir du XVe siècle. 30

     

     L’enfant va évoluer, comme on l'a vu plus haut, dans deux sphères, l’une « privée » et l’autre « publique ». Il est né entouré de personnes proches, mais également issues du voisinage, il déambulera  dans des lieux publics comme l’église, la place...

    L’enfant, s’il parvient à l’âge de neuf ou dix ans, - voire sept ans (la moitié d’une classe d’âge décède  avant les 10 ans) - voit la perception que les adultes ont de lui se modifier. Si auparavant les enfants des deux sexes étaient élevés ensemble par les soins des femmes (ils portent une robe unisexe), on les sépare, les garçons seront pris en charge par les hommes.  L’Eglise considère que l’enfant rentre dans un âge dit de raison, qu’il est capable de suivre le catéchisme vu qu’il est apte à juger. C’est l’âge de la première confession pour la même explication, plus tard vers douze, treize ou quatorze ans selon les  diocèses on lui administrera la première communion. Le catéchisme a lieu le dimanche la majeure partie du temps sous forme de question et de réponse à l’oral. En ce qui concerne la première communion solennelle, elle se pratique lors d’une cérémonie collective qui a lieu durant la semaine de Pâques, plus précisément les lundis ou les mardis, ou encore lors des dimanches qui succèdent. En 1215, lors du quatrième Concile du Latran, il est décidé que la première communion soit rapportée au moment dans lequel on considère que l’enfant est à même de faire la différence entre le pain ordinaire et le pain eucharistique (ou hostie devenue le corps de Jésus après la prière consécratoire), par la suite lors du Concile de Trente de 1545  on en fera une cérémonie solennelle vers les âges mentionnés plus haut, un véritable rite de passage. D’ailleurs tout concourt lors de ce jour pour qu’il soit lumineux et qu’il revêt pour l’enfant un jour mémorable : l’habit, le cierge, la messe...

          Les garçons et les filles, séparés, que l’on a revêtu des plus beaux habits, tiennent un cierge à la main.  Cet âge crucial n’est pas seulement ressenti comme tel par l’Eglise mais aussi par ceux qui entourent l’enfant puisque ses parents l’habillent avec une tenue d’adulte alors qu’à partir du sevrage on avait délaissé le maillot pour revêtir le bébé le plus souvent d’une robe unisexe.

     

     On lui confie des tâches d’adulte comme l’entretien de la cuisine pour les filles et les travaux agricoles pour les garçons toutefois adaptés à leur morphologie comme l’usage de la houe au préalable avant de lui confier celui de la charrue. On lui confie la garde de troupeaux.

    Jacques Gélis écrit : « Les apprentissages de l’enfance et de l’adolescence devaient donc tout à la fois forcir le corps, aiguiser les sens, rendre l’individu apte à triompher des mauvais coups de sort et, surtout, capable de transmettre à son tour la vie, afin d’assurer la permanence de la famille. Il y avait là une forme d’éducation en commun, un faisceau d’influences qui faisaient de chaque être un produit de la collectivité et qui préparaient chaque individu au rôle que l’on attendait de lui. Peu d’intimité dans un tel contexte... ». 33

     

           La ségrégation sociale entre les enfants est plus vive en ville vu que le cursus éducatif les séparera entre ceux que l’on inscrira au collège et plus tard à l’université et ceux qui suivront un apprentissage. L’autorité du père devient pour le garçon plus importante à partir de sept ans, comme on vient de le voir du fait que celle de la mère est amenuisée, on y a vu la renaissance du droit romain, l’incarnation de l’image de Dieu le Père. Mais il est de son devoir d’être celui qui éduque.

     

    Après qu'on a quitté le maillot à l’enfant, Philippe Ariès écrit, en ce qui concerne celui qui naît au XVIIe siècle dans une famille aisée, aristocrate ou bourgeois,  qu’il n’est plus revêtu d’habits de grandes personnes comme dans le passé.

    Jacques Gélis montre que le cas du maillot est symptomatique des débats abordés dans les discours des médecins des littérateurs, bien avant le XVIIIe siècle. Il est pointé du doigt vu qu’il symbolise pour certains comme une contrainte, car l’enfant n’est plus libre de ses mouvements.  Au XVIe siècle, Simon de Vallambert démontrait qu’il avait des répercussions à sa croissance et à sa santé. Comme Jacques Gélis le mentionne, un nouveau sentiment de l’enfance est discernable dès la première partie du XVIIe siècle. 34

     

    On lui met des vêtements plus appropriés à son âge. Les filles sont « vêtues comme de petites femmes ». Par contre, il constate que les enfants portent « deux larges rubans... attachés à la robe derrière les deux épaules, et qui pendent dans le dos »  les différenciant des adultes, ils disparaîtront à la fin du XVIIIe. 35

    Pour lui, on perpétue l’usage des « traits des coutumes anciens que les grandes personnes avaient abandonnés, parfois depuis longtemps. C’est le cas de la robe ou de l'habit long, des fausses manches. C’est aussi le cas du béguin des petits enfants au maillot... ». Le passage du vêtement d’adulte à celui de l’enfance touche d’abord les garçons, surtout dans les familles bourgeoises ou aristocratiques, car les ceux issus des classes populaires s’habillent encore avec le costume des adultes.

     

              3) L'émigration

                                 

        Autre phénomène qui a touché la population béarnaise, l’émigration. Elle remonte assez loin dans le passé, notamment au Moyen-Age quand les chevaliers, les commerçants et autres franchissaient les Pyrénées assez aisément soit pour guerroyer au moment de la « Reconquista » soit pour des raisons économiques. Bien entendu, elle variait en importance lorsque le Béarn subissait des crises démographiques et économiques. L’Espagne restait un lieu d’accueil privilégié pour ces Béarnais désireux d’améliorer leur niveau de vie. Les régions les plus prisées restaient l’Aragon, Valence, l’Andalousie (Cadix) et la capitale espagnole, Madrid. Henry de Charnisay  36 écrit que la plupart des émigrants étaient issus des classes pauvres et louaient leurs bras dans les ports, sur les routes, les « tuileries et les briqueteries où ils étaient très appréciés » ou alors s’adonnaient dans l’agriculture.  Ils travaillaient pour une durée équivalente à la moitié d’une année pour revenir chez eux en hiver. Ces migrants sont d’origine paysanne comme on vient de le voir, mais aussi bourgeoise comme  ces négociants oloronais qui décidaient d’envoyer leurs fils en Aragon ou même au Portugal. Il cite notamment l’exemple des paysans de la vallée d’Ossau qui sont réputés comme « châtreurs de bestiaux ». Quelques émigrants réussirent à établir des carrières importantes comme ce Joseph de Fondeville originaire d’Accous à qui on décernera le titre de marquis de la Torre et à qui on confiera le poste d’intendant en Estrémadure.

    A Aydius naquit un dénommé en 1754 Pierre Loustaunau, véritable aventurier qui de berger devint général – profitant des rivalités entre les princes locaux et du talent de militaire révélé en accostant aux Indes, ce qui lui fera d’ailleurs perdre une partie de sa main gauche - puis un personnage important. Il est détenteur d’un palais à Accra, est surnommé « le chef invincible à la main d’argent ». Fortune faite, il reviendra en France avec sa famille en 1793 et achètera le château de Lacassagne près de Castelbajac. N’oubliant pas le Béarn, il acquiert, au nom de son épouse, la forge d’Abel où il installe le premier haut-fourneau dans les Pyrénées  à la place des traditionnelles forges catalanes. 37 Il est nécessaire de préciser que Pierre Loustaunau n’était pas un cadet, mais un héritier, ce qui n’est pas courant.

    En ce qui concerne les cadets, nous connaissons plusieurs d’entre eux qui se sont rendus célèbres. Par exemple, le frère de Jean  Laclède, maître des Eaux et des Forêts en Béarn, Pierre. Il naît à Bedous le 22 novembre 1729, étudiera d’abord au collège des Jésuites à Pau et à la faculté de droit de Toulouse. Il deviendra le fondateur de la ville américaine de Saint-Louis. Son père était avocat au Parlement de Navarre. D’abord  militaire (et grand escrimeur) - dans la compagnie d’Aspe -, Pierre quitte la France pour l’Amérique du Nord et s’installe à la Nouvelle-Orléans en 1755. Il devient officier dans l’état-major du colonel Gilbert-Antoine de Saint-Maxent qui reçut de la part du gouverneur de Louisiane, de Kerlerec,  le monopole de traite des fourrures avec les Amérindiens dans la Haute-Louisiane (englobant le Haut-Mississipi et le Missouri). Gilbert-Antoine de Saint-Maxent s’associe avec Pierre dans l’intention de s’enrichir et créent tous les deux une compagnie commerciale pour une durée de dix ans. C’est Pierre, accompagné de vingt-sept autres aventuriers et chargé de fourrures, qui quitte la Nouvelle-Orléans en 1763 en remontant le Mississipi. Ils atteignent le lieu qui va devenir la ville de Saint-Louis – en l’honneur du roi de France Louis XV ou Louis IX dit Saint Louis , source de débats - au bord du Missouri confluent du Mississipi, véritable colonie qui sera peuplée de près de 1 000 habitants en 1778, date de sa mort, et 1200 vers 1800. Mais depuis 1770, la ville était aux mains des Anglais. Actuellement, afin de commémorer sa mémoire, un quartier de la ville porte le nom de «  Laclede's Landing » au bord du Mississipi et une statue a été dressée face à l’hôtel-de-ville.38

    On pourrait encore citer le cas de Jean Lajusan-Laclotte, natif de Salies-de-Béarn narré par Pierre Tucco-Chala, ou encore de Prudent de Casamajor né à Sauveterre-de-Béarn. 39

     

         D’autres émigrés ne sont pas issus de monde du travail, mais de l’aristocratie. Pierre-Tucco Chala écrit qu’il s’agit « d’une colonisation en grande partie aristocratique menée par des familles aisées dont les membres partageaient leur vie entre les îles et le Béarn ». Il cite alors des exemples comme ceux des Darracq-Casaux de Gan ou les Perpinaa de Pau. 40

         Les zones béarnaises de départ  les plus importantes  étaient celles d’Oloron, de Monein… Mais les Béarnais n’hésitaient pas non plus, comme les Basques, à braver les mers et les océans pour aller s’installer dans de lointains continents comme l’Amérique et plus spécialement les Antilles. On retrouve là l’appât de l’argent, le désir de faire fortune. Nous détenons un recensement des émigrés pyrénéens transitant par Bordeaux au XVIIIe à destination des Antilles, exactement de 1712 à 1787. On comptabilise plus d’un millier provenant soit de l’Ariège, du Comminges, de la Bigorre et, enfin, du Béarn. Les Béarnais, à eux seuls, représentent quasiment 60 % de l’ensemble. Leur destination première privilégie Saint-Domingue pour 70 % d’entre eux, puis viennent la Martinique pour 16 % et seulement 7 % pour la Guadeloupe.  On en dénombre un certain nombre qui, ayant réussi, revenaient au « pays ». La nostalgie ? Avec leur argent, ils acquéraient de la terre, véritable symbole de richesse et de réussite à l’époque, surtout si c’était une terre noble. 38 D’autres, comme Joseph Laborde natif d’Oloron qui partit exploiter au Mexique les mines d’argent de Taxco dont il fut le commanditaire de l’église et, bien que son exploitation se conclue par une faillite, persévère dans les mines de Zacatecas. 40

     A côté de cette émigration choisie, dirions-nous, il faut ajouter celle que l’on nomme actuellement la migration forcée.

    Il s’agit à l’époque qui nous concerne de l’exil de milliers de protestants – les huguenots - fuyant les persécutions édictées par Louis XIV lors de la fameuse révocation de l’Edit de Nantes de 1685.  Si de nombreux calvinistes béarnais optèrent soit pour la conversion afin de ne pas subir les dragonnades, soit pour la discrétion ou même pour la clandestinité, d’autres préférèrent quitter le royaume de France pour continuer à pratiquer leur religion.

    En ce qui concerne les « nouveaux convertis », l’Intendant Lebret écrit : « Il y en a beaucoup qui ne laissent pas lieu de douter qu’ils ne soient bien convertis ; d’autres  (et c’est  le plus grand nombre) remplissent tous les devoirs extérieurs de religion, sans qu’on puisse répondre de la sincérité de leur retour. D’autres, mais en assez petit nombre, se négligent ; enfin, très peu se dispensent entièrement d’aller à la messe et aux instructions ; mais aucun ne s’en dispense scandaleusement, en sorte qu’il ne semble pas qu’il y ait encore beaucoup à travailler pour consommer en Béarn le grand ouvrage des conversions. » 41

    Historiquement, ce désir de vivre en accord avec leurs conceptions religieuses de la part des huguenots n’est pas nouveau. Dès le commencement des guerres de religion (1562-1598), on observe une migration, surtout à partir du massacre de la Saint-Barthélemy de 1572 qui s’estompe quelque peu avec l’édit de Nantes de 1598 par lequel Henri IV leur confère une « relative » tolérance pour connaître, à nouveau, une remontée avec sa révocation par Louis XIV.

    Les historiens avancent plusieurs raisons à la décision de Louis XIV : confirmation de l’adage « Cujus regio, ejus religio » soit tel prince, telle religion (monarchie absolue de droit divin), la peur d’une instauration d’une république aux mains des réformés depuis la décapitation du roi anglais Charles Ier en 1649 par les anglicans et le souci d’écraser le particularisme huguenot.

    Cette législation sera renouvelée bien entendu en 1685 lors de la Révocation de l’édit de Nantes qui n’interdit pas la foi réformée en privée, mais rend illégaux l’exercice du culte en public, les assemblées... en attendant leur conversion en la foi catholique. 42 Les sanctions « sexistes » consistaient, pour les hommes s’ils étaient appréhendés, à être envoyés aux galères et les femmes à la confiscation de corps et de biens (soit l’enfermement dans un couvent ou dans une prison). Leurs biens furent confisqués au bénéfice du Domaine et de la religion catholique par le biais des églises, des écoles...

     

     La fuite se révélait dangereuse puisque le roi avait expressément défendu dans un édit daté de plusieurs années auparavant, en 1669 (renouvelé en 1682), que «… tous nos sujets, de quelque qualité et condition qu’ils soient de sortir de notre royaume pour aller s’établir, sans notre permission, dans les pays étrangers par mariage, acquisition d’immeubles et transport de leur famille et biens pour y prendre leurs établissements stables et sans retour à peine de confiscation de corps et de biens, et d’être censés réputés étrangers sans qu’ils puissent être ci-après rétablis ni réhabilités, ni leurs enfants naturalisés pour quelque cause que ce soit… »  41

    La destination ? Les Etats protestants bien entendu, par exemple la Hollande, l’Angleterre, la Prusse mais aussi des contrées plus lointaines comme l’Amérique.

    On estime actuellement que cette migration a concerné entre 150 et 200 000 individus ce qui correspond à l’époque à ¼ des huguenots français à la fin du XVIIe siècle (800 000) et à 1% de la population française.

    Leur impact dans leurs pays d’accueil s’avèrera non négligeable notamment pour la diffusion de la culture française. Les huguenots sont pour la plupart des gens très instruits ce qui explique que la langue française sera choisie pour être la langue savante de l’époque (parallèlement avec l’impact des philosophes français comme Diderot, Voltaire...).

    Les huguenots détenaient la réputation d’habiles artisans et industriels et, par conséquent, susceptibles d’apporter avec eux leur savoir-faire notamment dans le tissage dans une période où débutait le système de la manufacture (forme de production en série).

    Pour citer deux exemples de dirigeants allemands soucieux d’accueillir ces huguenots en fuite, mentionnons Charles Ier de Hesse-Cassel et l’électeur de Brandebourg.

    Charles 1er de Hesse-Cassel recevra près de 4 000 huguenots dans sa ville de Cassel et créera une ville sur la Weser, Bad-Kartshofen. Une des raisons du landgrave de recevoir ces immigrés religieux réside dans le fait que la région a été dépeuplée par la guerre de Trente Ans (1618-1648).

    L’électeur de Brandebourg et duc de Prusse, Frédéric-Guillaume 1er a un souci, son territoire est déchiré par des conflits internes  entre luthériens et calvinistes qui luttent  pour le pouvoir. Etant lui-même calviniste l’intérêt d’introduire des huguenots est d’ordre politique et économique. Il cherche à asseoir son autorité face à la population luthérienne et à redresser l’économie qui a souffert des ravages de la guerre et des épidémies. Il signe et publie l’édit de Postdam  le 29 octobre 1685 peu de temps après la révocation de l’édit de Nantes. Près de 20 0000 protestants français répondent à son invitation très alléchante puisqu’il garantit de nombreux avantages. Dans l’édit, il est stipulé que l'on leur assure : un sauf-conduit, la liberté de leur culte (autorisé dans leur langue d’origine), des pasteurs payés par le prince, une exonération d’impôt temporaire (les quatre premières années), d’habiter dans des logements vacants ou d’en construire avec des aides, l’entrée sans frais dans les corporations d’artisans et même d’être naturalisé sans intégration obligation immédiate. A Berlin, un faubourg concentrera de nombreux huguenots, Friedrichstadt-Berlin). Leur apport est important tant dans le domaine démographique, que culturel (en 1700, ils représentent les deux tiers des membres fondateurs de l’Académie Royale des Sciences et des Lettres, en 1700 ; la langue française est si importante que la presse de la Prusse est francophone). Sur le plan économique, ils contribuent à développer les manufactures.

    Mais il est à noter que les relations entre les autochtones et les nouveaux arrivants ne furent pas toujours des plus cordiales, par exemple les huguenots issus de la paysannerie eurent des débuts difficiles. Les références culturelles étaient différentes, notamment par l’usage du patois par les huguenots. Par contre, les aristocrates réussirent à s’incorporer plus facilement, au sein de l’armée et de la Cour. 43

     

    En ce qui concerne les Béarnais, on estime que la migration au moment de la Révocation de l’édit de Nantes concernerait près d’un millier d’entre eux. Ce chiffre s’avère peu élevé vu que le nombre des huguenots béarnais avoisinerait les 25 000, ce qui correspond à seulement 5%.

    L’Intendant Pinon écrit dans ses mémoires en 1698 : « De tous les nouveaux convertis de cette province, il en est sorti du royaume un très petit nombre. » 44

    La moyenne nationale se situe plutôt autour de 20%. Pour quelle raison ?Albert Sarrabère avance, par exemple, plusieurs raisons. L’éloignement des pays anglo-saxons – protestants -, la peur des sanctions (frontières gardées, prime accordée aux délateurs, une vingtaine de Béarnais condamnés aux galères)  mais aussi un lien « harmonieux » unissant les catholiques et les huguenots béarnais avant 1685. D’après cet auteur, c’est seulement la moitié des pasteurs qui émigrèrent dans notre contrée, le reste optant pour une conversion. Il rajoute que toutes les catégories sociales ont été impactées par l’émigration (nobles, négociants, paysans...).

    Albert Sarrabère précise qu’au point de vue numérique, la Hollande est la principale destination des Béarnais (on y trouve le baron d’Abère qui termina Général-Major  dans l’armée des Pays-Bas). 

    On cite souvent la colonie fondée par les protestants originaires d’Osse-en-Aspe à Londres - plusieurs d’entre s’installèrent comme négociants et commerceront avec leur Béarn natal longtemps -, mais aussi un groupe de près de trois cents Béarnais qui migrèrent en Prusse (une centaine à Berlin même). On peut citer l’exemple d’un dénommé Jean de Forcade de Biaix dont sa famille est originaire d’Orthez. En effet, on retrouve un de ses ancêtres à un poste élevé puisqu’il est fermier des monnaies dans la province du Béarn et devient noble en 1658 en acquérant notamment le domaine de Rontignon. Notre sujet protestant rejette l’idée de se convertir et préfère servir le roi Frédéric 1er de Prusse. Il se fait remarquer et on lui confie des postes prestigieux comme lieutenant-général puis gouverneur militaire de Berlin. C’est un Béarnais qui créa la première berline en transformant un fiacre. 45

    Mais tous n’auront pas de semblables destinées, beaucoup connaîtront une vie plus humble dans leurs pays d’accueil.

    Christian Desplat faisant référence au Parlement de Navarre signale que ce dernier « engagea régulièrement des poursuites contre des « évadés » durant la période 1700-1728. Il cite l’exemple de ces quinze femmes incarcérées en Béarn entre 1722 et 1724.

    Ces émigrés proviennent dans leur grande majorité des localités suivantes : Orthez, Salies-de-Béarn, Sauveterre et Bellocq. Les Huguenots usent des filières comme celle reliant Orthez et Bayonne en passant par Sunarthe, Burgaronne et Andrein à destination pour la plupart d’entre eux les Provinces-Unies.46

     

     

     

    Notes :

    1- Fresel-Losey, Michel,  Histoire démographique d’un village en Béarn, Bilhères d’Ossau (XVIII- XIXe   siècles), Bordeaux, 1969, p 111.

    2- Idem, p. 142-143.

    3-  Bergues, Hélène, La Prévention des naissances dans la famille, Paris, PUF, 1960, INED, Cahiers  « Travaux et Documents », n°30 ; Abbé GF Coyer, La Noblesse commerçante, Paris, Duchesne, 1756.

    4-Nougué, Delphine, La monographie  de Pardies-Piétat , Maîtrise de l’UPPA, 2001.

    5- A.D.P.A., registres paroissiaux et d’état civil  de Pardies-Piétat,  5MI444, 1758-1889, p.91

    6- Fresel-Losey, Michel, Op.cit., p. 166.

    7- Idem., p. 213.

    8- Idem., p. 214.

    9- A.D.Pyr.-Atl.,  III E  1565

    10- Desplat, Christian,   Pau et le Béarn au XVIIIe, tome 1, chapitre 4, p. 436-438.

    11-Desplat, Christian, La vie en Béarn au XVIIIe, éditions Cairn, 2009, p. 175.

    12- Desplat, Christian, Billère, aujourd’hui ville, hier village », Revue de Pau et du Béarn, n° 18, 1991,p .69.

    13- Staes, Jacques, Les registres paroissiaux et l’état civil, une source pour l’histoire de la Vallée de Barétous du XVIIe au XIXe siècle, Revue de Pau et du Béarn, n°26, 199, p.76.

    14- Nougué, Delphine, Op.cit.

    15- A.D.P.A., registres paroissiaux de Morlaàs, CBMS STANDRE, 1763-1772, p. 13.

    16- Desplat, Christian, L’encadrement médical dans le ressort de l’intendance d’Auch et de Pau au XVIIIe, Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale , Année 1988 Volume  100 ,Numéro 184 ,pp. 459-475

    17- Fresel-Losey, Michel, p.88. 

    18- Desplat, Christian, La vie, l’amour, la mort, rites et coutumes-XVIe-XVIIIe siècles, éditions Cairn, 1995, p. 43.

    19- Gelbart, Nina Rattner, the King’, Midwife: A history and Mystery of Madame du Coudray, Berkeley and Los Angeles: University of California Press, 1998.

    20- A.D.P.A., registres paroissiaux et d’état civil de Pardies-Piétat, 1758-1889, p. 44.

    21-A.D.P.A., registres paroissiaux et d’état civil d’Orin 1697-1889, p. 572.

    22-A.D P.A., registres paroissiaux d’Arette,  1658-1814, f° 182.

    23- A.D.P.A., registres paroissiaux de la paroisse Saint-André de Morlaàs, Morlaàs CBMS  STANDRE, 1733-1742, p.35.

    24- A.D.P.A., registres paroissiaux et d’état civil  de Pardies-Piétat, 1758-1889, p.26.

    25- Nougué, Delphine, Op.cit.

    26- Grintchenko, Marie-Hélène, Les réformes protestantes en Béarn du désert à la Révolution...,  Revue de Pau et du Béarn, n°28, 2001, p.119.

    27- Desplat, Christian, La Principauté de Béarn, Société nouvelle d’éditions régionales et de diffusion, Pau, 1980, p.325.

    28- Ariès, Philippe, L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, éditions du Seuil, Histoire, 1980, p.265-266.

    29- Ariès, Philipe, Idem., p. 40-70.

    30- Gélis, Jacques, Histoire de la vie privée, De la Renaissance  aux Lumières, Editions Seuil, 1986,p. 116, 326.

    31- Ariès, Philippe, Idem., p. 84.

    32- Ariès, Philippe, Idem., p. 89.

    33-Gélis, Jacques, Op.cit.,  p. 315.

     34- Idem., p. 320.

     35- Ariès, Philippe, Idem., p.80.

     36- Charnisay, Henri de, L’émigration basco-béarnaise en Amérique »,  éditions du Cairn, 1996, p.50 à 54

     37- Laborde-Baden, Louis, voir le site : https://www.partage-culture-aspe.com/les-conférences-passées/1-histoire-régionale-et-locale/russell/loustaunau-chevrier/

     38- Labarère, Lucien, Pierre de Laclède-Liguest : le Fondateur de Saint-Louis, Missouri, 15 février 1764, 1984

     39- Tucoo-Chala, Pierre, Le pays de Béarn, MCT Edition, 1984, p. 31-34.

     40- Tucoo-Chala , Pierre, Petite histoire du Béarn (du Moyen-Age au XXe siècle),  chez Princi Néguer, 2000, p. 106.

    41- Intendant Lebret, Mémoire sur le Béarn, BSSLA de Pau, 2e série, tome 33, 1905, p. 91.

     42- Voir le site : http://huguenotsweb.free.fr/histoire/edit1685.htm

     43- Préludes et suites de la Révocation de l'édit de Nantes

     

    Collections numériques de la Sorbonne Année 1855 4 pp. 13-28

     

    Fait partie d'un numéro thématique : Correspondance administrative sous le règne de Louis XIV, recueillie et mise en ordre par G. B. Depping. Tome IV et dernier. Travaux publics – Affaires religieuses – Protestants – Sciences, lettres et arts – Pièces diverses

     

    44- Intendant Pinon, Mémoire concernant le Béarn, BSSLA de Pau, 2e série, tome 33, 1905, p.54.

     45- Albert Sarrabère , Bulletin des Amis de Nay et de la Batbielle .

     46-Desplat, Christian, La Principauté de Béarn, Société nouvelle d’éditions régionales et de diffusion, Pau, 1980, p.321.

     

     

     

    Bibliographie:

     

    Ariès, P. et Duby, G, Histoire de la vie privée, tome 3 de la Renaissance aux Lumières, éditions Seuil, 1986

    Bély, L. (dir.), Dictionnaire de l’Ancien régime, Paris, PUF, 1997

    Castetbon, R , Autour du mariage , collection : « La vie d’antan en Béarn et autres lieux »,  tome 2, parution : Centre généalogique des Pyrénées-Atlantiques, ADPA, 2011

    Desplat, Christian,  La vie en Béarn au XVIIIe, éditions Cairn, 2009

    Pau et le Béarn au XVIIIe, thèse doctorat Pau, chez J et D Editions Biarritz, 1992

    Duby, G. et Wallon, A  Histoire de la France rurale, tome 2, éditions Seuil, 1982

     Histoire de la France urbaine, la ville classique », éditions Seuil, tome 3, 1981.

    Dupâquier, J., Histoire de la population française, tome 2, « De la Renaissance à 1789 », Paris, Presses universitaires de France, 1988

    Garnot, B, La population française aux XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, Synthèse et histoire, Ophrys, 1992

    Le peuple au siècle des Lumières échec d’un dressage culturel, éditions Imago, 1990,Société, cultures et genres de vie dans la France moderne, XVIe-XVIIIe , Hachette supérieur, 1991

    Goubert, P et Roche D., Les Français et l’Ancien régime, édition Armand Colin, 1991

    Minvielle ,S., La limitation des naissances dans les petites villes : l’exemple d’Orthez, 1730-1830 , Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Année 2001, volume 113, n° 235, p 307-325

    Soulet, J.F. ,  La vie quotidienne dans les Pyrénées sous l’Ancien régime du XVIe au XVIIIe , chez Hachette,1977

    Zinck ,A; Azereix, une communauté rurale à la fin du XVIIIe , Paris SEVPEN., 1969

    Pays et paysans gascons sous l’Ancien Régime, thèse d’Etat, Université Paris I,dactyl. 9 volumes, 1986

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