• 2) LES ARTISANS ET LES OUTILS

       Pendant longtemps, la maison traditionnelle rurale pouvait être édifiée par le propriétaire et sa famille aidés par les voisins par esprit de solidarité, surtout dans la campagne. Construire une maison coûtait cher, alors les paysans se procuraient les matériaux qui se trouvaient à proximité, Le plan du bâti était généralement simple, souvent constitué d'une seule pièce multifonctionnelle (faisant office de cuisine, de salle à manger et de chambre) ou de deux pièces. L'édification est rapide, mais elle revêt deux inconvénients, la proximité et l'inconfort auxquelles on peut adjoindre le manque d'hygiène. Si certaines maisons du village apparaissent relativement grandes, la plupart sont petites.

    Puis, par la suite, le plan se complexifie, les exigences du commanditaire, liées aux différents styles qui se succèdent, deviennent plus importants. Les artisans, les ouvriers spécialisés sont davantage sollicités.

    Le maçon, le tailleur de pierre, le carrier, pour ce qui concerne la construction des murs globalement sont les artisans parmi les plus importants des localités. On persiste à récupérer, pour une question de prix, les matériaux les plus près des lieux des édifications (pierre, galet, sable, chaux, bois…). Mais d'autres corps de métiers sont également sollicités.

     

    Pour l'édification d'une belle bâtisse, le commanditaire (ou maître d'ouvrage, soit le financeur et donneur d'ordre) se doit alors d'organiser le chantier. Il fait appel à un maître d’œuvre (qui coordonne les actions des ouvriers et qui s'assure de la réalisation des travaux) et à un architecte qui mènera les travaux à l'aide d'artisans et d'ouvriers. Si le chantier s’avère peu important, la coordination en revient le plus souvent au maître maçon. Le propriétaire se doit fréquemment d’assurer l’approvisionnement du chantier en matériaux tels le sable, la chaux…

    L’Encyclopédie de Diderot précise en ce qui concerne le maçon que son «… principal ouvrage…est de préparer le mortier, d’élever les murailles depuis le fondement jusqu’à la cime, avec les retraites & les à-plombs nécessaires, de former les voûtes, & d’employer les pierres qu’on lui donne. »

    A part l’édification d’une maison, les autres tâches sont multiples. Le maçon peut être amené par exemple à dresser des murs de clôture… Le maçon (massou) en Béarn est le « métier le plus représenté dans le village béarnais » 1.

    En 1709, les jurats de Monein, réalisant une enquête auprès de chaque maison concernant les grains, rencense plusieurs maçons.2

    J.J. Cazaurang  rajoute qu’il travaille équipe, assisté souvent par un ou deux compagnons. A qui il faut adjoindre les manœuvres.

     

    Ses outils sont cités dans l’Encyclopédie de Diderot : « …la ligne, la regle, le compas, la toise & le pié, le niveau, l’équerre, le plomb, la hachette, le marteau, le déceintroir, la pince, le ciseau, le riflar, la truelle, la truelle brétée, l’auge, le sceau, le balai, la pelle, le tamis, le panier, le rabot, l’oiseau, la brouette, le bar, la pioche & le pic. »

     

    Le tailleur de pierre, d’après la même encyclopédie, sert à tailler et à couper les pierres. Il est lié au maçon vu qu’à l’époque, il était admis qu’une « pierre taillée d’équerre (cayrou) puisse supporter le monde entier. »1

    Le charpentier, outre la mise en place des charpentes, des toitures de bardeaux, peut réaliser à la demande des outils agricoles tels qu'un araire, une vis de pressoir… Les jours d’intempéries sont dévolus souvent à la préparation du chantier qui reprendra lors des beaux jours. Ces travaux consistent, par exemple, à retailler les bois pour lattes…J. J. Cazaurang précise que le samedi était consacré « pour husteya », s’il n’était pas sollicité ailleurs. Alors, cette journée lui permettait de réaliser des petits travaux de bois, des réparations d'outils et autres…3 Le charpentier utilise un établi (banc-bustè) composé d’un étau en bois à large machoire. Artisan, souvent le charpentier aspire aussi à détenir un terrain ce qui explique qu’ils soient alors inscrits dans les registres de la taille.

    Quant au menuisier, il réalise les huisseries, les meubles. A la différence du charpentier qui œuvre le plus souvent en équipe et à l’extérieur - soumis aux aléas climatiques -  le menuisier travaille seul,  à l’intérieur. 

    A ces métiers cités, on peut ajouter également le cimentier qui mélange le sable et la chaux pour réaliser le mortier ou tout autre liant, le scieur de long qui débite les pièces de bois comme les poutres, les planches. Mais aussi le sculpteur, le forgeron qui confectionne les pièces métalliques comme les gonds des portes... Chaque localité détenait son haure qui travaillait à l’aide d’une enclume (engludi). Par exemple, la localité de Monein recensait plusieurs forgerons, vu la nécessité aussi, dans un milieu agricole, de réparer tous les instruments. Marie-Victoire Duval précise que chaque forge était tenue de payer « un « capliure » comme la maison de leur propriétaire dont ils étaient souvent indépendants ». Elle rajoute que les forgerons détenaient dans la majeure partie « quelques arpents de terre qu’ils devaient cultiver ou faire cultiver ». 4

     

     Les artisans et ses outils

    Les outils cités plus haut et nommés par l’Encyclopédie de Diderot sont successivement (certaines illustrations indiquées sont tirées du manuel de Claude-Jacques Toussaint du XIXe vu qu’elles sont absentes dans celle de Diderot)

    Auge : « …espece de boîte non couverte, construite de chêne, de forme quarré-longue, dont le fond plus étroit que l’ouverture forme des talus inclinés en-dedans, & donne la facilité à l’ouvrier de ramasser le plâtre qui est gaché dedans, pour l’employer à la main & à la truelle. » (Fig. 138 Encycl. Diderot ; fig. 8 manuel de C-J Toussaint)

    2) LES ARTISANS ET LES OUTILS

    2) LES ARTISANS ET LES OUTILS

     Illustration tirée de l'Encyclopédie de Diderot

     

     

    2) LES ARTISANS ET LES OUTILS

    2) LES ARTISANS ET LES OUTILS

     Illustration tirée de l'encyclopédie du XIXème du Manuel du maçon-plâtrier... de Claude-Jacques Toussaint

     

     

     

    Balai : « …en general, instrument destiné principalement à ramasser des ordures éparses, & à en nettoyer les corps ou les lieux… »

    Bar : « …espece de civiere avec laquelle des hommes portent des pierres ordinairement de peu de grosseur.​​ Les ouvriers qui portent le bar se nomment bardeurs…Le bar est composé de deux longues pieces de bois équarries & assemblées parallelement par quatre ou six traverses de deux piés de long ou environ. Ces traverses n’occupent que le milieu des pieces équarries, où elles forment un fond ou une grille sur laquelle on pose les fardeaux ; le reste des pieces équarries qui demeure isolé va en diminuant, est arrondi, se termine par une tête formant une coche ou un arrêt en-dessous, & sert de manche ou bras des deux côtés de la grille ou du fond. L’arrêt de la coche retient les bretelles des bardeurs, & les empêche de s’échapper des bras. Quand les poids sont lourds, deux ou quatre maneuvres se mettent aux bras, & deux autres passent encore un levier sous la grille : ces derniers s’appellent arbalétriers. Pour garantir les arrêtes & autres formes délicates des pierres taillées ou sculptées, de l’impression des traverses, on couvre la grille de nattes. Ces nattes s’appellent torches. (Fig. 141 et 142 Encycl. Diderot)

    Bretée (truelle) : «…  sorte de truelle particuliere qui a des dents, & qui sert aux maçons pour nettoyer le plâtre, lorsque le mur est enduit. »

    Brouette : « …petite machine faite en forme de charrette, qui n’a qu’une roue, & que celui qui s’en sert pousse devant soi par le moyen de deux especes de timons soûtenus d’un côté par l’essieu de la roue, & de l’autre par les mains de celui qui conduit la machine, qui pour cet effet se met au milieu. » (Fig. 135 Encycl. Diderot)

    Ciseau : « …outil de fer, acéré, long, de la forme d’un clou sans tête, applati & tranchant par le bout. Il sert à commencer le lit ou la taille de la pierre.​ »

    Compas : « …instrument de Mathématique1​, dont on se sert pour décrire des cercles & mesurer des lignes, &c….Le compas ordinaire est composé de deux jambes ou branches de laiton, de fer, ou de quelque autre métal, pointues par en-bas, & jointes en-haut par un rivet, sur lequel elles se meuvent comme sur un centre. » (fig. 17 manuel de C-J Toussaint manuel )

    Déceintroir : « …espece de marteau à deux taillans tournés diversement, dont les Maçons se servent soit pour équarriser les trous commencés avec le têtu, soit pour écarter les joints des pierres dans les démolitions. »

    Equerre : « … instrument fait de bois ou de métal, qui sert à tracer & mesurer des angles droits, comme LEM..Elle est composée de deux regles ou jambes, qui sont jointes ou attachées perpendiculairement sur l’extrémité l’une de l’autre. Quand les deux branches sont mobiles à un point, on l’appelle biveau ou fausse équerre. » (Fig. 5 et 6, manuel de C-J Toussaint )

    Hachette : « …instrument à l’usage d’un grand nombre d’ouvriers ; c’est ainsi que le diminutif le désigne une petite hache. Les Charpentiers en ont une à marteau, dont ils se servent pour ajuster des pieces de bois. Les Tonneliers, les Charpentiers, les Couvreurs, les Mâçons ont aussi leur hachette. Les Mâçons se servent d’un des bouts pour équarrier, & de l’autre pour placer le moilon ou la pierre. A la hachette du Mâçon, au lieu de panne, il y a un tranchant large de deux pouces & demi : cet outil s’aciere comme le marteau. »

    Ligne : « …petite cordelette ou ficelle, dont ils se servent pour élever les murs droits, à plomb, & de même épaisseur dans leur longueur. » On peut citer aussi la ligne à plomb.

    Marteau : « …instrument de fer, de la même forme à-peu-près que les marteaux ordinaires ; il en differe en ce que les pannes ou extrémités de la tête sont brettelées ou dentées. C’est de cet outil dont on se sert pour tailler la pierre ; on le nomme plus communément hache. »

    Niveau : « …instrument propre à tirer une ligne parallele à l’horison, & à la continuer à volonté, ce qui sert à trouver la différence de hauteur de deux endroits, lorsqu’il s’agit de conduire de l’eau de l’un à l’autre, de dessécher des marais, &c. ce mot vient du latin libella, verge ou fléau d’une balance, laquelle pour être juste doit se tenir horisontalement. »

    Oiseau : « …espece de demi-auget composé de planches légeres, arrondies par une extrémité, & jointes en équerre par l’autre, dont celle d’en-bas est posée horisontalement sur deux morceux de bois en forme de bras assez longs ; & celle d’en-haut est attachée à deux autres petits bâtons, qui tombent d’aplomb sur chacun des bras. C’est sur cette petite machine que de jeunes manœuvres, qu’on nomme goujats, portent sur leurs épaules le mortier aux maçons & limosins, lorsque le service ne se peut faire à la pelle. »

    Panier (anse de) : «…arcade est faite en anse de panier, lorsque le dessus est un peu abaissé, & qu’elle n’est pas faite en plein ceintre, c’est-à-dire qu’elle est en demi-ellipse sur le grand diametre. »

    Palette un peu creusée en-dedans, & convexe en-dehors pour la facilité du service. »

    Pelle : « …instrument de bois, propre à divers artisans & ouvriers…La pelle des mâçons, paveurs, jardiniers & autres tels artisans & manouvriers, a le manche rond & la palette un peu creusée en-dedans, & convexe en-dehors pour la facilité du service. (Fig. 132 Encycl. Diderot)

    Pic : « …instrument de fer un peu courbé, pointu, & acéré, avec un long manche de bois qui sert aux mâçons & terrassiers à ouvrir la terre, ou à démolir les vieux bâtimens. Les Carriers s’en servent aussi pour déraciner & découvrir les pierres dont ils veulent trouver le blanc. Cet outil ne differe de la pioche pointue, qu’en ce que le fer en est plus long, plus fort, & mieux acéré » (Fig. 7 manuel de C-J Toussaint )

    Pié : « mesure prise sur la longueur du pié humain, qui est différent selon les lieux. On appelle aussi pié un instrument en forme de petite regle, qui a la longueur de cette mesure, & sur laquelle ses parties sont gravées. »

    Pince : « … gros levier de fer rond, de quatre piés de long & de deux piés de diametre,​​coupé d’un côté en biseau, pour lui donner plus de prise & d’entrée dans les joints des pierres, ou autres matieres, qu’il sert à remuer, à disjoindre, & à démolir. Il y a aussi des petites pinces qui servent seulement à mettre en place des ouvrages de menuiserie, de charpente, ou ceux des marbriers & des tailleurs de pierre. Les pinces qu’on appelle piés de chevres, sont courbées & refendues par le bout ; en sorte qu’elles ont assez la figure du pié de l’animal dont elles ont pris le nom. Plusieurs ouvriers se servent de la pince, entr’autres les mâçons, charpentiers, paveurs, tailleurs de pierre, carriers, &c. »

    Pioche : « …outil de fer avec un long manche de bois qui sert aux Terrassiers, Carriers & Maçons, pour remuer la terre, tirer des pierres, sapper, démolir, &c. Il y en a de plusieurs sortes : les unes dont le fer a deux côtés, comme un marteau, & un œil au milieu pour l’emmancher ; chaque extrémité de cette pioche est pointue. D’autres sortes de pioches s’emmanchent par le bout du fer : toutes deux sont un peu courbes ; mais l’une est pointue comme le pic, & l’autre qu’on nomme feuille de sauge, a le bout large & tranchant. »

    Plomb (ligne à): « …se dit en terme d’ouvrier, d’une ligne perpendiculaire, il l’appelle ainsi, parce qu’il la trace ordinairement par le moyen d’un plomb…Les mâçons & limosins appellent lignes, une petite cordelette ou ficelle, dont ils se servent pour élever les murs droits, à plomb, & de même épaisseur dans leur longueur. (Fig. 120 Encycl. Diderot ; fig. 13 manuel de C-J Toussaint )

    Rabot : « … instrument dont se servent les Maçons, Limousins, Paveurs, &c. pour éteindre la chaux, & pour la courroyer avec le ciment ou le sable qu’ils emploient au lieu de plâtre dans plusieurs de leurs ouvrages ; c’est un billot de bois de huit à dix pouces de longueur & de deux ou trois pouces de grosseur, emmanché par le milieu d’une longue perche. »

     

    Règle (à mouchette) : « …. mouchette, terme de Maçon​, c’est une longue regle de bois, le long de l’un des côtés de laquelle est poussée avec le rabot, une espece de moulure. Elle sert aux maçons à faire des mouchettes, c’est-à-dire, cette espece de quart de rond enfoncé, qui est au-dessous d’une plinthe. Outre cette regle, ces ouvriers en ont plusieurs autres de diverses​​longueurs & épaisseurs. Celles qui servent à faire les feuillures des portes, des croisées, ont un pouce & demi d’équarrissage ; celles qu’ils emploient à prendre leur niveau, sont les plus longues de toutes. Ils ont aussi ce qu’ils appellent un plomb à regle, qui est une ficelle chargée d’un petit plomb par un des bouts, & attachée par l’autre au haut d’une regle, sur laquelle est tracée une ligne perpendiculaire. Savary. (D. J.)

    Riflard : « …morceau de fer en forme de ciseau, très-large par en-bas, & un peu rabattu en chamfrein, il a des dents, ce qui fait qu’on l’appelle communément riflard breté ; son manche est de bois, & il se pousse à la main, il y en a de plusieurs grandeurs. 

    Sceau (ou seau) : « en terme de Boisselier1​ ; ustensile de ménage ; c’est un vaisseau fait de bois appellé merin, relié de cercle de fer ordinairement, & servant à puiser de l’eau, & à la conserver quelquefois dans les maisons. »

    Toise : « …mesure de différente grandeur, selon les lieux ou elle est en usage ; celle de Paris, dont on fait usage en quelques autres villes du royaume, est de six piés de roi. Son étalon ou mesure originale est au châtelet de Paris ; c’est pourquoi on l’appelle toise du châtelet. On donne aussi le nom de toise à l’instrument avec lequel on mesure. Selon M. Ménage, le mot toise vient du latin tesa, dérivé de tensus, étendu. »

    Truelle : « …outil de fer poli, ou de cuivre, emmanché dans une poignée de bois, qui sert à un maçon pour rendre unis les enduits de plâtre frais, & à prendre le mortier dans le baquet. Il y a des truelles triangulaires, dont deux côtés sont tranchans pour grater & nettoyer les enduits de plâtre au sas, & dont l’autre côté est breté ou brételé, c’est-à-dire a de petites hoches en maniere de scie, pour faire des brétures, gravures, ou raies qui imitent celles de la pierre de taille en badigeonnant. » (Fig. 125 à 127 Encycl. Diderot ; fig. 1 et 2 manuel de C-J Toussaint )

     

    L’outil, le tamis n’est pas défini par l’Encyclopédie de Diderot. Le Dictionnaire de l’Académie Française (3e édition, datée de 1740) mentionne que le tamis est une : « …Espèce de sas qui sert à passer des matières pulvérisées, ou des liqueurs épaisses. Tamis fin, délié. Gros tamis. Passer au tamis, par le tamis. »

    De la liste dressée plus haut, on peut ajouter aussi ces mots : le maillet, la houe, la hotte et le têtu.

    Si on se réfère encore à l’Encyclopédie de Diderot, cette dernière définit successivement.

    Hotte : « …panier d’osier, ou même de bois, étroit par en bas, large par en haut, qu’on fixe sur les épaules avec des bretelles où les bras sont passés, & qui sert à porter différentes choses. Le côté qui touche aux épaules est plat ; l’autre est arrondi. Cet instrument sert aux jardiniers, aux fruitiers, aux vendangeurs. Il y en a de serrées qu’on appelle batais ; il y en a d’ardoisées, de gauderonnées, de poissées, selon les différens usages auxquels elles sont destinées. » (Fig. 134 Encycl. Diderot)

    Houe : « …instrument dont on se sert pour labourer les vignes & les terres lorsqu’on ne peut employer la charrue. » Définition vague que l’on peut préciser en ajoutant celle donnée par l’Encyclopédie de l’Académie française (édition 1740) : « Instrument de fer large & recourbé, qui a un manche de bois, & avec lequel on remue la terre en la tirant vers soi.  » (Fig. 121 à 123 Encycl. Diderot)

    Maillet : « …espece de gros marteau de bois fort en usage parmi les artisans qui travaillent au ciseau ; les Sculpteurs, Maçons, Tailleurs de pierres & Marbriers s’en servent ; il est ordinairement de forme ronde ; ceux des Charpentiers, Menuisiers, sont de forme quarrée. » (fig.  112 Encycl. Diderot)

     

    Têtu : ​ outil de maçon qui sert à démolir les anciens ouvrages de maçonnerie. C’est une espece de gros marteau, dont la tête qui est fort large par un bout, se termine en pointe par l’au-​​tre extrémité ; le manche qui est de bois est long & fort à proportion, ordinairement de plus de vingt pouces de longueur. Le têtu à arrête, qui sert aussi aux maçons pour la démolition des bâtimens, est propre à briser & rompre les pierres qui sont trop dures, & qui resistent au têtu commun ; c’est une espece de masse de fer, dont les deux bouts, qui chacun se séparent en deux coins, en forme de dents, sont tranchans & fort acerés; il n’a guere que huit à dix pouces de longueur, mais il est fort épais ; son manche est plus long qu’au têtu ordinaire, pour lui donner plus de coup. Le têtu à limosin, qu’on nomme aussi un gurlet, tient des deux têtus dont on vient de parler ; il a la tête fendue d’un côté, comme le têtu à arrête, & est pointu de l’autre, comme le têtu commun. (D. J.) (Fig. 3 manuel de C-J Toussaint )

     

       Claude Jacques Toussaint rajoute d’autres outils utilisés par les maçons : boulins, écoperches, cables, cableaux, cordages, vingtaines, grues, cabestans, moufles, poulies, diables, camions, pinces, poinçons, masses, bouchardes. 5

    L’Encyclopédie de Diderot définit les mots suivants :

    Boulin : «   pieces de bois posées horisontalement & scellées par un bout dans les murs, & par l’autre bout attachées avec des cordages à d’autres pieces de bois posées à plomb, sur lesquelles on met des planches pour échafauder une face de bâtiment. Nous appellons en François trous de boulins, les trous qui restent des échaffaudages, & Vitruve les nomme columbaria. »

    Camion : « c’est une espece de petite voiture ou petit haquet, monté sur quatre petites roues, faites d’un seul morceau de bois chacune, sur laquelle on traine des fardeaux pesans & difficiles à manier. Le camion est à l’usage de plusieurs ouvriers. »

    Ecoperche : « piece de bois avec une poulie qu’on ajoûte au bec d’une grue ou d’un engin, pour lui donner plus de volée. On nomme aussi écoperche toutes pieces de bois de brin qui servent à porter les échafauts. Les plus petites écoperches se nomment boulins. » 

     

    Grue : « Machine en usage dans la construction des bâtimens, pour élever des pierres & autres grands fardeaux. M. Perrault dans ses notes sur Vitruve, prétend que la grue est le corbeau des anciens. La grue des modernes est composée de plusieurs pieces, dont la principale est un arbre élevé perpendiculairement, & terminé en poinçon par le haut : cet arbre est garni par le milieu de huit pieces de bois posées en croix, & soûtenu de huit bras ou liens en contre-fiche, qui s’assemblent vers le haut de l’arbre, & y sont joints avec tenon & mortoise. La piece de bois qui porte & qui sert à élever les fardeaux, s’appelle échelier ou rancher ; elle est garnie de chevilles ou ranches, & posée sur un pivot de fer qui est au bout du poinçon de l’arbre : il est assemblé avec plusieurs moises à des liens montans. Il y a des pieces de bois que l’on nomme soûpentes, attachées à la grande moise d’en-bas & à l’échelier, & qui servent à porter la roue & le treuil, autour duquel se devide le cable. Le cable passe dans des poulies qui sont au bout des moises, & à l’extrémité de l’échelier. Tout le corps de la grue, c’est-à-dire, l’échelier, les moises, les liens montans, les soûpentes, la roue & le treuil, tourne sur le pivot autour de l’arbre pour placer les fardeaux où l’on veut. Chambers​. A proprement parler, la grue est un composé du treuil & de la poulie : ainsi pour connoître l’effet de cette machine & sa force, il ne faut qu’y appliquer ce que nous dirons de ces deux machines. »

    Moufle : « barres de fer à l’extrémité desquelles on a pratiqué des yeux. On contient ces barres par des clavettes qui passent dans les yeux. Les pieces auxquelles on applique des mouffles sont contenues dans l’état qu’on leur veut. C’est par cette raison qu’on moufle les cuves, & les murs, lorsqu’ils tendent à s’écarter. Il faut distinguer trois parties dans la moufle double, deux yeux l’un au-dessus de l’autre, entre lesquels il y a un espace suffisant pour recevoir l’autre extrémité de la moufle, qui est par cette raison en fourche ; la partie qui n’a qu’un œil & qui se place dans la fourche, & la clavette qui lie le tout & forme la moufle complette. Pour faire une moufle on prend une barre de fer plat que l’on coupe de la longueur convenable ; on la fend où l’ouvrier pratique l’œil ; on plie la partie fendue en deux, & l’on soude le bout plié avec le reste de la barre, observant de donner à l’œil autant d’espace qu’en exige la clavette, & d’ouvrir la fourche assez pour recevoir l’autre partie de la moufle. Cela fait, on prend une autre barre, on l’étrécit par le bout ; on lui donne, en l’étrécissant, la figure qui convient à l’ouverture de la moufle ; on place cette partie comme la premiere ; on la soude avec la premiere barre :​ cela fait on forge la clavette, & la moufle est finie. »

    Pince : « gros levier de fer rond, de quatre piés de long & de deux piés de diametre,​​coupé d’un côté en biseau, pour lui donner plus de prise & d’entrée dans les joints des pierres, ou autres matieres, qu’il sert à remuer, à disjoindre, & à démolir. Il y a aussi des petites pinces qui servent seulement à mettre en place des ouvrages de menuiserie, de charpente, ou ceux des marbriers & des tailleurs de pierre. Les pinces qu’on appelle piés de chevres, sont courbées & refendues par le bout ; en sorte qu’elles ont assez la figure du pié de l’animal dont elles ont pris le nom. Plusieurs ouvriers se servent de la pince, entr’autres les mâçons, charpentiers, paveurs, tailleurs de pierre, carriers, &c. Ce sont les taillandiers qui font & qui vendent les pinces, quand elles sont grosses ; les petites se font par les serruriers : il s’en trouve aussi dans les boutiques de quincailliers. »

     

    Poulie : «  est une des cinq principales machines dont on traite dans la Statique. Elle consiste en une petite roue, qui est creusée dans sa circonférence, & qui tourne autour d’un clou ou axe placé à son centre ; on s’en sert pour élever des poids par le moyen d’une corde, qu’on place & qu’on fait glisser dans la rainure de la circonférence… l’usage de la poulie est principalement de changer une direction verticale en horizontale, ou une direction qui devroit être de bas en haut, en une direction de haut en bas ; & réciproquement. »

    Vingtaine : « Les Maçons appellent ainsi un petit cordage qui sert à conduire les pierres qu’ils élevent avec des engins pour mettre sur le tas. Il est attaché à la pierre ; & lorsqu’on tire le gros cable, un ouvrier tient le bout de la vingtaine pour l’éloigner des échaffauds & des murailles, & pour qu’il se pose juste sur l’endroit où il est destiné. »

     

     

    Référence:

     1- J.J. Cazaurang, Pasteurs et paysans béarnais, au village, les métiers,  éditions Cairn, 2002,   p. 85.

    2- Archives communales de Monein, HH1.

    3- J.J. Cazaurang, Pasteurs et paysans béarnais, au village, les métiers,  éditions Cairn, 2002, p. 68.

    4- Marie-Victoire Duval, Monein, une communauté du Béarn au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime, SAI – BIARRITZ, 1991, p. 219.

     

    Bibliographie :

    Claude-Jacques Toussaint : Manuel du maçon-plâtrier, du carreleur, du couvreur et du paveur - , A la librairie encyclopédique de Roret , Paris, 1834.

     

     

     

     

    Béarn au XVIIIe siècle - C

     

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