-
5) LE PLAN DES MAISONS RURALES ET DES EXPLOITATIONS AGRICOLES SELON LES ZONES GEOGRAPHIQUES BEARNAISES
Les exploitations agricoles sont analysées selon la description régionale donnée par Jean Loubergé dans son ouvrage « La maison rurale ».
1) La vallée d'Ossau
Carte extraite de la carte Cassini, source:
https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/france-en-cartes/la-carte-de-cassini?mode=desktop
- Généralités
Parmi les trois vallées pyrénéennes béarnaises, elle est la plus importante tant sur le plan démographique que sur le plan politique. Sur ce dernier point, il faut se rappeler qu'elle était régie par un For et un Conseil de vallée ou « Universitat ». Sur le plan économique, l'élevage a été la principale richesse de ces pasteurs qui utilisaient les estives, en été, pour y faire paître leurs bétails et, en hiver, la transhumance.
Les villages d’une même vallée, par leur unité géographique, historique, politique, juridique et économique, recèlent des similitudes dans l’architecture.
Géographiquement, la vallée glaciaire d’Ossau se distingue principalement par deux zones, l’une plus élargie, plane et moins élevée, bordée de collines (villages englobés : Arudy, Bielle, Sévignac…), le Bas-Ossau, et l’autre, accidentée, étroite et plus élevée, le Haut-Ossau. Le verrou de Castet marque la limite entre les deux. La vallée s’étire avec une orientation sud-nord.
La neige est plus contraignante dans la seconde partie. En ce qui concerne le climat, trois facteurs le déterminent. L’influence océanique (vent, pluie, douceur), du fait de sa position australe avec l’Espagne - bénéficiant de l’anticyclone - elle profite parfois de son débordement en rejetant la pluie, et enfin le phénomène du foehn, vent chaud et sec.
Le Haut-Ossau est essentiellement drainé par deux cours d’eau, le gave d’Ossau et son affluent, le Valentin qui prend sa source aux Eaux-Bonnes. Il est nécessaire de tenir compte de ces paramètres pour les constructions des maisons puisque dans la première partie la densité humaine était plus importante que dans la seconde. En effet, dans la zone la plus élevée, peu d’habitants vivaient de manière permanente, si ce n’est à Goust et à Gabas, deux hameaux. Quant à la zone la plus basse, elle comportait dix-huit villages concentrant la majorité de la population de la vallée d’Ossau.
- Les villages
Ils sont disposés en habitat groupé favorisant une vie communautaire. Certains possèdent de vastes places centrales, mais elles ne constituent pas la norme. Véritables carrefours, des éléments balisent l’espace public tels qu’un arbre planté, un lavoir, une fontaine ou un calvaire. Des bancs peuvent être ajoutés afin d’accroitre la convivialité.
Ils se sont construits autour de l’église, d’une rue principale (« carrère ) et de ruelles (« carrérots »). Leur implantation dépend des critères comme ceux de la présence d’eau et de terres agricoles vacantes. La majorité des maisons sont attachées à l’espace rural.
Dans l’article intitulé « Charte architecturale et paysagère », on lit que selon les époques, « les fermes se localisent différemment dans le territoire. A la période la plus ancienne (XVIème siècle) elles s’installent dans le haut des pentes en suivant le rythme des talwegs. La crête et la mi-pente sont occupées plus tard (XVIIe, XVIIIe siècle) selon les chemins transversaux. Les routes de fond de vallée génèrent de nouvelles installations lorsque la pression agricole est plus forte (XVIIIe siècle. » [1]
Plusieurs villages se sont implantés au fond de la vallée, bénéficiant ainsi des facilités de communication, des terres de culture, mais subissent l’ombre donnée par les montagnes lorsque ces dernières cachent les rayons de soleil, surtout en hiver. Autre inconvénient, l’air froid s’accumule dans les fonds de vallée puisqu’il est plus lourd que l’air chaud.
Ils s’étirent en pente et le long d’une rue unique. La majorité des localités sont divisées en quartiers distants souvent d’un ou de deux kilomètres, à quoi il faut ajouter les quartiers de granges. Par exemple, Bilhères est composé de trois quartiers : Arrius, Lies et Ourdos. Les rues sont généralement étroites, pas toujours droites. Les maisons sont soit distantes les unes des autres par des minces venelles soit collées. Les entrées des villages sont marquées par des croix, ce qui délimite la commune (tradition qui remonte au XIème siècle).
Le gave d’Ossau sert d’axe médian aux deux routes qui lui sont parallèles. Par elles, on accède aux villages puis aux granges.
En quelques mots, les paysages naturels sont composés de zones rocheuses (étages nival et alpin) qui s’échelonnent globalement au-delà des 2 300 m d’altitude. Puis, viennent les zones de pâturages, domaines des bergers et de leurs abris, comprises entre 1 700 m et 2 300 m d’altitude (étage subalpin). Ensuite, viennent les forêts de conifères (sapins) et de feuillus (hêtres) selon l’altitude comprise entre 800 m et 1 700 m (étage montagnard) et leur exposition au soleil (soulane ou sud et ombrée ou nord). Enfin, en bas (moins de 800 m), les terres de culture, des chênes et les habitations (étage collinéen).
Si les villages se sont établis sur les versants, les constructeurs des maisons ont dû s’adapter aux contraintes du relief et, par conséquent, à la pente. Les niveaux (les étages) des maisons s’accordent à cette dernière. Cette-Eygun offre un bon exemple de village implanté dans la pente avec ses terrasses.
La mitoyenneté des demeures n’est pas rare.
- La maison rurale
Jean Loubergé[2] décrit la maison ossaloise de la manière suivante : un rez-de-chaussée comprenant « une grande porte cochère à vantaux fermés » et un étage ne présentant côté rue que « quelques rares fenêtres ». Intimement liée à l’économie pastorale, elle est constituée d’un « seul volume, ordonnée en hauteur ; le bétail (mais aussi le matériel agricole) est au rez-de-chaussée tandis que le logement des hommes est à l’étage, surmonté d’un grenier dans lequel étaient conservés les grains, et éventuellement, le foin. » Le sol du rez-de-chaussée est en terre battue. Il est divisé en emplacements spécifiques pour tous types d’animaux (brebis, vaches, ânes…) et parfois une pièce attribuée au saloir à fromages, orientée à l’Ouest ou au Nord pour la fraicheur. Les fromages sont entreposés sur des étagères de bois de sapin. Des soupiraux dispensent peu d’aération.
Lesdits animaux sont abrités par des petites constructions, comme des porcheries (porcaus), des poulaillers (pouralhères) clôturés par des treillis de bois. Des râteliers à barreaux de buis sont disposés.
Un plancher de bois sur solives séparait les animaux et les hommes vivant à l’étage, procurant à la fois la chaleur en hiver et la possibilité de surveiller, mais dégageant des fortes odeurs. Il advient parfois que les animaux sont abrités dans une grange peu éloignée, tandis que l’étable sert alors de remise.
Une « seule porte d’entrée pour toute la maison, une porte cochère à deux vantaux de bois de chêne qui sont directement fixés aux murs par des gonds majestueux. »
Avant la fin du XVIIIème siècle, il n’existait qu’une seule porte cochère servant aux hommes, aux animaux et au matériel agricole. La largeur des portails avoisine les 1,80 m à 2 m généralement. Par la suite, on distingue les hommes des animaux.
Certaines d’entre elles se démarquent par leur esthétique, leur passé (datant du XVIème siècle). Réalisées avec des « grosses pierres de taille, elles présentent un linteau en anse de panier ou avec accolade ; et de gros clous forgés renforcent les vantaux de bois. L’un de ceux-ci peut s’ouvrir à mi-hauteur… » permettant ainsi d’aérer et d’éclairer l’intérieur.
Les clés d’arc (ou claveaux centraux ou de voûte ; pèirus clau) offrent aux yeux des variétés de motifs gravés. Elle clavette le linteau qui est généralement constitué de cinq blocs de pierre. Architecturalement, elle participe à l’inclinaison des charges du bâtiment et donc du mur vers les piédroits.
Certaines clés de voûte évoquent la fécondité par des symboles comme les fleurs avec ou sans vases, les arbres (symbole de vie) …, la prospérité, la protection. D’autres motifs sont plutôt religieux, tels les monogrammes IHS (abréviation de « Jesus Hominum Salvator » ou « Jésus Sauveur des Hommes ») ou AM (Ave Maria). A Sainte-Colome, par exemple, on peut observer sur la porte de l’ancien presbytère un linteau sur lequel est inscrit en béarnais : « de bonne hore et betleu – berges pla quant importe de – sabe per quau porte cau entra – dens lou ceu STMF 1709 » (soit : de bonne heure et bientôt – vois bien combien il importe - de savoir par quelle porte - il faut entrer dans le ciel S.T.M.F. 1709). D’autres encore ne présentent pas de motifs, mais des dates de construction ou de rénovation.
Il est nécessaire de rappeler qu’en Béarn, le nom de la maison (oustau) est plus important que le nom de famille et, par conséquent, le fait d’adjoindre un cartouche correspond à une signature du propriétaire.
A Béost, au numéro 2 de la rue Carré du Hourc, un cartouche mentionne la date 1784. A l’époque la maison appartenait au maître-maçon Sassoubs. Politiquement, il ressort qu’il est royaliste puisque des fleurs de lys apparaissent (ce motif peut aussi évoquer la conjuration du « mauvais œil »), de plus, il exhibe également son métier car il a fait marteler des outils.
Les portes sont dotées de heurtoirs dont certains sont ornés. Les seuils (parquilles ou calade, usoirs ou espace du domaine public entre une maison et la rue) sont élaborés avec des matériaux tels des galets, des dalles de pierre. « Sécurisant le devant de porte, en l’inscrivant en retrait de la rue, ils supportaient des usages domestiques ou de petit artisanat, et s’agrémentent pour cette raison d’un banc (généralement en pierre).[3]
Si le rez-de-chaussée comporte peu de fenêtres, c’est au premier étage que l’on les trouve. Les plus anciennes baies remontent au Moyen Age, notamment la fin. Elles présentent un arc brisé. Au XVIème, la forme de l’arc se modifie et se transforme en plein cintre. Puis, l’arc en anse de panier domine, parfois décoré par une accolade. Enfin, à la fin du XVIIIème siècle, se superpose l’arc dit segmentaire, c’est-à-dire un arc semi-circulaire. Le raccordement de l’arc et des piédroits est brisé.
Certaines fenêtres sont à meneaux. Dans la majorité des cas, elles datent du XVIIème siècle. Ce qui est le cas dans le vieux Bielle où elles ont été récupérées sur le prieuré Sainte-Anne fondé au XIème siècle qui a été incendié en 1569 au moment des guerres de religion par les Huguenots de Montgoméry et détruit lors de la Révolution.
Un escalier de bois est accolé au mur et proche du portail afin d’accéder à l’étage.
Le même auteur mentionne qu’à l’origine une seule pièce composée l’étage, munie d’un évier de pierre taillé dans un seul bloc permettant l’évacuation des eaux usées sur les venelles ou la chaussée souvent empierrée. La pente des rues concoure à l’écoulement des eaux. On y trouve également un four (hournère) en saillie et une cheminée. Le four peut s’ouvrir sur la cheminée, à l’extérieur il présente une forme arrondie, avec un toit plat ou conique, surmonté d’ardoises.
Four à pain à Bielle, rue d’Aspeigt.
Des cloisons mobiles sont utilisées au début avant d’être remplacées par des cloisons fixes de bois ou des murs de briques. La lumière pénètre par quelques petites fenêtres (aux ouvrants de bois). « Des œil-de-bœuf apportent un complément de lumière à la cuisine favorisant aussi le tirage de la cheminée. » 2 La fumée de la cheminée est évacuée fréquemment par une petite ouverture carrée. A l’arrière, on note parfois un balcon en bois ou de pierre, surtout s’il était exposé au sud. Il pourvoyait au séchage les produits agricoles. Le grenier, où on stocke le foin, était accessible par un escalier de bois raide ou une échelle. Jean-Pierre Dugenne3 précise que l’escalier de bois possède « une rampe, pourvue d’une main courante dont l’extrémité est sculptée. Il s’agit le plus souvent d’une tête de serpent. Le poteau de départ est, lui aussi, ouvragé. » Ce qui n’était pas le cas des maisons les plus modestes, certainement. Le volume du grenier est plus restreint que celui que l’on rencontre dans le bas pays vu que les récoltes sont moins importantes, peu de lucarnes.
Si la maison est bâtie en flanc de pente, on accède au grenier par l’extérieur, ce qui facilite, comme on l’a écrit précédemment, le stockage des grains ou du foin. Si ce n’est pas le cas, on emmagasine à l’aide de poulie. En raison du faible nombre de récoltes, l’auteur précise que sa hauteur était moins importante que dans le bas pays. L’aération est produite par quelques lucarnes ou de petites ouvertures de ventilation qu’on nomme outeaux. Le foin a l’avantage de servir d’isolant pour les pièces d’habitation du premier étage (n’oublions pas la chaleur dégagée par les animaux parqués au rez-de-chaussée).
Si, par cas, il n’y a point de grenier, on emmagasine les « ustensiles de grenier et de ménage, ainsi que les provisions alimentaires conservées là pour les repas importants (produits de porc en particulier)[4].
Rarement, des maisons sont dotées de latrines.
Les murs sont bâtis le plus souvent en pierres cassées (notamment ramassées dans les champs) et taillées contre les galets du gave, la toiture à double pente couverte d’ardoises et de coyaux, les lucarnes pour la ventilation citées plus haut. « Le toit, à deux versants, est porté par une charpente à chevrons formant ferme, assemblés à mi-bois sans faîtière, en contreventés par deux pièces de bois placées obliquement sous les chevrons. »[5] Le bois des charpentes provient de la forêt environnante ; coupe tolérée par l’administration de la Maîtrise des Eaux et des Forêts.
L’ardoise domine, comme le rappelle l’abbé Bonnecaze[6] lorsqu’il écrit : « Les maisons sont couvertes d’ardoise qui est assez commune dans les montagnes ».
Les ardoises sont acquises auprès d’entreprises locales situées sur les ardoisières, notamment à Geteu et Louvie Soubiron.
Globalement, l’espace dans ces habitations est des plus restreints, ce qui pose la question de la cohabitation pour les membres de la famille qui y vivent, qui peuvent avoisiner la quinzaine dans le modèle appelé « famille souche ». Ce qui explique la bonne coexistence, surtout dans la cuisine alors la principale salle commune, c’est l’autorité souveraine du chef de la famille, les rôles attribués aux différents membres de la famille et le temps relativement réduit de la présence entière de ladite famille lors de la prise des repas en commun et durant les veillées.
La femme, comme le rappelle Jean Dugenne, « file la laine, tisse le lin ou autres fibres végétales ou animales. Le métier à tisser occupe une place de choix, près des ouvertures. » [7]
En dehors de la maison, à l’arrière, une petite cour et un petit jardin la jouxtaient, atteignable du rez-de-chaussée par un portillon.
Souvent, un banc de pierre est accolé à la façade, servant alors de lien entre l’espace privé et l’espace public que constitue la rue, comme on en trouve à Bielle.
Maisons bloc à pignon à Arudy, rue du pont Germe.
ARUDY : maison avec banc de pierre, rue Mayos
- La périphérie des villages
En périphérie des villages, on observe parfois des maisons-cours en équerre, avec toutefois des cours de dimensions moins imposantes.
La maison à cour fermée s’observe plutôt dans le piémont et dans le fond de vallée, rarement en montagne. Ces maisons de fond de vallée sont généralement conçues plus grandes pour remédier aux besoins des cultures plus importantes. Ce type de maison présente alors une cour encadrée par des bâtiments agricoles et le lieu d’habitation qui sont davantage écartés. Elle s’ouvre sur la rue par un portail surmonté parfois, comme on l’a vu plus haut, par un monogramme rappelant la famille. On emploie pour l’édification des murs le galet, abondant dans le gave, et la décoration en « feuille fougère » égaye la vue. Jean Cazaurang [8] écrit : « Chemins et routes sont assez larges pour qu’y soient transportées des pièces de pierre taillée lourdes ; il n’est plus nécessaire d’avoir recours à des éléments multiples disposés en arc pour l’encadrement des portes ; les linteaux monolithes allongés et rectilignes deviennent de plus en plus nombreux dans le sens de l’aval des gaves. »
- Les quartiers des granges
Dans ces villages de montagne, on remarque ce que l’on nomme les quartiers des granges. Ces granges foraines ou bordes parsèment la moyenne montagne et servent de « relais » entre la haute montagne et le fond de vallée. Elles étaient occupées à la belle saison pour le fauchage. Elles sont le reflet de la richesse de leurs propriétaires lorsqu’ils en possèdent plusieurs. Les granges-étables sont non seulement le refuge des pasteurs, mais aussi celui du foin. Ce foin issu de prairies bocagères, après être fauché, est transporté à l’aide de tissus (Ihèiteras ou mantas) ou de châssis de bois (arqueta ou saumeta) que l’on déplace en tirant ou en le chargeant sur ses épaules. Ils y vivent avec un troupeau qui ne transhume point, c’est-à-dire composé de vaches de trait, de juments mulassières. « Les granges sont en quelque sorte des dépendances des fermes-mères, ce qui évite d’avoir d’immenses greniers ou étables… Cette dispersion des bâtiments favorisait, à l’époque où la pénurie de main d’œuvre n’existait pas, une certaine spécialisation. Telle grange était consacrée aux brebis, telle autre aux juments… »[9] Le plateau du Bénou offre un bel exemple.
Elles sont bâties souvent à flanc de pente dans le but d’accéder facilement au grenier (boquèr) à l’aide simplement d’une échelle (souci aussi de se protéger du vent, de soutènement), ou alors, on entre par une rampe.
Elles sont proches d’un point d’eau et à l’abri de risques naturels comme les avalanches, mais également des bois pour les protéger des vents. Elles sont implantées de façon à se protéger de l’Ouest et bénéficier des avantages offerts par la nature comme les reliefs, notamment les rochers pour la protection. Autre point, elles se localisent en bordure des parcelles, limitant ainsi l’espace agricole, « dans le respect des courbes de niveau, le long des voies et des chemins existants. » [10]
Les murs sont élevés en opus incertum soit en petit appareil réalisé en pierre cassée de forme et de dimension irrégulières. Le matériau est prélevé au plus près : calcaire, schiste, flysch… Puis, on trie selon la forme, la qualité : linteau, pierre d’angle… Peu de fenêtres, généralement petites, éclairent l’intérieur. Les ouvertures sont orientées le plus possible en direction des prairies, au Sud et à l’Est et non pas vers l’Ouest. Le bardeau puis l’ardoise ou la lauze irrégulière les coiffe. Pour supporter le poids de la neige et les rafales (surtout provenant du sud), on renforce la charpente en ajoutant une panne en diagonale, nommée la « ligue »[11]. Les pannes sont des poutres horizontales que l’on pose sur des fermes et qui supportent des chevrons. Le faîtage est conçu dans le sens de la pente. La surface du grenier (fenil) est relativement importante afin de stocker le plus possible de fourrage. Le plancher séparant le grenier du rez-de-chaussée est conçu souvent simplement en « branches de Châtaignier (réfractaire aux insectes) posées les unes contre les autres. » [12] Si la quantité de foin entreposé dépasse le volume du grenier, on l’entasse en meules à l’extérieur de la grange, accumulé autour d’une perche (barguera), souvent de frêne car « souple, donc facile à travailler, qui durcit ensuite au séchage. »
Par exemple, à Aste, le quartier d’estives ou des granges (ou cabanots) localisé au Port d’Aste est relié par un sentier muletier entretenu collectivement. Ces granges étaient disposées en arc de cercle suivant le rebord de la moraine sur plus de 500 m, à 1 030 m d’altitude. Les habitants confectionnaient des murets de retenue. Réalisés souvent en galets, ces andains (ici, bandes de matériaux disposées au sol) sont constitués de grosses pierres et de plus petites leur servant de blocage, sans liant. Ils pavaient même le sol avec de grosses dalles. Ces cabanots abritaient le bétail qui ne transhumait pas.
Chemin muletier et granges d'Aste disposées en arc de cercle.
Au-dessus de la moyenne montagne, le berger se réfugie dans des cabanes d’estive. Elles aussi, elles peuvent être rassemblées en quartiers (3 à 5 cabanes). Certaines ne se réduisent parfois qu’à un abri naturel constitué de pierres sèches servant alors à se protéger provisoirement des intempéries pour une nuitée. D’autres sont bâties avec des murs de moellons irréguliers sans liant, la fumée s’évacuant simplement par un orifice entre la toiture de pierres plates et le mur. Ces pierres plates sont étendues sur une trame composée de perches de bois. L’encadrement de la porte et de son linteau est fait en bois. Le berger se repose et confectionne le fromage à l’extérieur sur une banquette de pierre.
2) La vallée d’Aspe
Extrait de la carte Cassini, source:
https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/france-en-cartes/la-carte-de-cassini?mode=desktop
- Généralités
Du Nord au Sud, de Gurmençon au col du Somport, la longueur de la vallée avoisine les 40 km. Elle est étroite, si la vallée d’Ossau a une forme de U, celle de la vallée d’Aspe a plutôt la forme de V. Les montagnes qui la bordent culminent aux alentours de 1 500 -2 000 m d’altitudes. Celles qui dominent le fond de la vallée ont des pentes assez raides à l’opposé de celles qui se trouvent plus hauts qui sont plus dégagées. La zone autour de Bedous se trouve quasiment à mi-chemin de la vallée. L’élevage, au XVIIIème siècle, reste dominant. Historiquement, la vallée d’Aspe, reste la grande voie de communication entre l’Espagne et le Béarn, pensons à la borne milliaire romaine trouvée près du col du Somport, l’hospice de Sainte-Christine implantée du côté espagnol accueillant les pèlerins de Saint-Jacques Compostelle… Outre les pèlerins, cet axe voit circuler les commerçants transportant du bétail, de la laine (industrie oloronaise), des métaux (fer…), du bois (chemin de la mâture, quais du port d’Athas).
- Les villages
La quinzaine de villages se trouvant dans la vallée sont du type habitats groupés. De part et d’autre de la zone autour de Bedous où le plan des localités est celui du village-rue, les autres se sont implantés majoritairement sur un replat bien exposé. Ou alors, les hommes ont opté pour l’altitude quand le choix d’une bonne orientation s’offrait comme à Lescun face au cirque qui porte son nom.
Les maisons ont des similitudes avec celles que nous avons décrites au sujet de la vallée d’Ossau.
Comme l’écrit Jean Loubergé[13], « la plupart des vieilles maisons sont des maisons à un seul volume, avec un rez-de-chaussée réservé au bétail et un étage où se logent les humains ; on retrouve les grandes portes cochères, avec linteau en anse de panier ou en ogive, avec les beaux vantaux de chêne renforcé de clous. »
En effet, le plus souvent, les maisons sont étroites, les façades verticales et, par conséquent, peu d’ouverture à l’étage, généralement une seule. Le rez-de-chaussée servait donc d’abri aux animaux (bovin, porcin par exemple) et d’entrepôt au matériel agricole. Au premier étage, le volume est consacré au logement avec pour commodité un four en saillie comme on l’a vu à la vallée d’Ossau, tandis qu’au grenier, on entrepose des céréales ou du foin.
Des maisons ne répondent pas à ce schéma, elles sont plus larges.
Les maisons se jouxtent dans la partie centrale du village, alors qu’en périphérie on observe plutôt des maisons-cours comportant des « granges-étables séparées du logis ».
Dans l’ouvrage intitulé « Pays aquitains » déjà mentionné, il est écrit que « les maisons à cour fermée, absentes de communes telles que Lescun, sont très nombreuses dans la basse vallée en aval d’Accous. Cette cour se transforme alors facilement en cloaque dans lequel s’écoulent les déjections du bétail, mêlées à des tiges de maïs et à de la fougère pour former de l’engrais. »5
Une recherche d’ornementation est visible sur les façades des maisons afin de démontrer une certaine aisance. Un souci de décoration est perceptible sur les fenêtres « à double entablement de pierre ; au-dessus et au-dessous de l’ouverture ; également des fenêtres à meneaux et des portes comportant une date ou des représentations symboliques. » Les plus anciennes anses sont en arc brisé ; aux XVIème et XVIIème siècle un autre type d’arc le supplante, l’arc en plein cintre. Enfin, à la fin du XVIIIème, viendra l’arc segmentaire. Ici, pas trop de différences notoires par rapport aux maisons ossaloises.
Outre son utilisation pour la confection de la couverture, le bois est le matériau employé dans les galeries que l’on retrouve sur les façades du premier étage. Le plus souvent orientée au Sud (pour le séchage des productions), elles s’appuient sur des jambes de force ou parfois sur des poteaux. La profondeur oscille entre 1,50 m à 2 m. On trouve à Urdos une exception, une galerie qui enjambe une rue-calade, reliant deux maisons.
Le souci de décorer le sol se retrouve dans les deux vallées. Les calades (ou revêtement réalisé en moellons ou en galets) ornent soit les rues ou chemins (carrerot) soit les cours dans les maisons à cour, ou encore simplement le devant-de-porte, le bord d’une fontaine ou d’un abreuvoir. On rappelle qu’elles n’offrent pas seulement à l’observateur un joli aspect, mais qu’elles servent à protéger de la boue.
Les distinctions à remarquer se cherchent sur les détails. Jean Loubergé signale que « les maisons à façade sur pignon sont mieux représentées en vallée d’Aspe qu’en vallée d’Ossau. » Autre différence, l’étroite porte réservée aux humains donnant accès « à une cage d’escalier séparée de l’étable-bergerie. » La dissociation homme-animal est plus accentuée.
Pour leur construction, le même auteur rappelle qu’au Moyen Age, on utilisait pour la confection des murs, des moellons grossiers extraits sur les montagnes environnantes, et de la pierre taillée pour les encadrements des portes et des fenêtres, les chaînes d’angles, les éviers et les cheminées.
Pour ce qui est du toit, au XVIème siècle, on pose des lauzes ou des ardoises « épaisses et grossières tirées d’ardoisières locales (…Osse et Aydius en vallée d’Aspe). »[14] Le même auteur avoue qu’il ne peut guère affirmer que le bois (abondamment présent dans les forêts environnantes) a pu être utilisé pour les murs et les couvertures. Il conjecture, car il avance que les « bergeries sommaires, isolées des villages, sont toujours des constructions de pierre. »
Exemples :
Pierre Dejean[15], en étudiant le plateau de Lhers, dresse une description de l’habitat. Nous sommes dans un habitat dispersé, ce qui procure aux exploitants l’avantage d’être au plus près de leurs terres. La ferme est composée d’une habitation, d’une grange plus grande. Les deux sont construites avec des galets roulés. Les deux bâtiments sont généralement parallèles, l’un « étant quelque peu en retrait de l’autre ; entre les deux se trouve une cour, avec un abreuvoir qu’alimente l’eau dérivée d’une rigole voisine. » A des fins d’autosuffisance concernant les légumes, on se dote près de la ferme, d’un « petit jardin potager, enclos de murettes… ».
La maison présente une hauteur basse, une « forme allongée, aux murs épais, percés d’ouvertures rares et étroites…, pas d’étage. » En ce qui concerne les pièces d’habitation, la cuisine reste l’élément prédominant de la maisonnée avec sa cheminée, le four à pain et l’évier de pierre comme cela a été écrit plus haut. Il est précisé que toutes les maisons du village possèdent un saloir derrière la cuisine, « une pièce obscure dont les moindres ouvertures ont été tapissées par un fin grillage et où les fromages de brebis s’alignent sur des étagères. »
ACCOUS : four à pain, rue d'Alouet
ACCOUS : four à pain, rue d'Alouet
Quant à la grange, elle « sert à la fois d’étable et de fenil : le rez-de-chaussée abrite les bestiaux ; au-dessus, le grenier à foin s’ouvre par une large fenêtre à deux volets qui est orientée d’ordinaire du côté le plus ensoleillé. »
La localisation des bâtiments d’habitation et d’exploitation n’est pas choisie au hasard. On prime « les replats ou sur les bosses de terrain, dans les endroits dégagés et ensoleillés ». Globalement, ils « s’allongent parallèlement ou obliquement à la direction du bassin… », mais aussi orientés vers « le soleil et la lumière. » Cette source de chaleur sera profitable pour aérer et sécher le foin à travers les ouvertures des granges.
Toujours concernant les granges, l’étude s’élargit sur celles qui sont implantées sur les prairies, dans lesquelles on engrange le foin récolté. Elles sont utiles, lorsqu’en hiver le paysan constate que le foin stocké dans la grange de la ferme est épuisé il y mène le bétail. En été, elles servent de « relais » lors des travaux agricoles qui durent toute la journée.
3) La Vallée de Barétous
Extrait de la carte Cassini, source:
https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/france-en-cartes/la-carte-de-cassini?mode=desktop
- Généralités
Elle se situe à l’Ouest des deux précédentes vallées. Elle se découpe géologiquement en deux parties, la basse vallée composée de roches tendres du flysch et la haute vallée constituée de roches calcaires. Si les altitudes de la première avoisinent en moyenne les 400 m, la seconde culmine à 1 660 m à La Pierre-Saint-Martin. Comme ses voisines, les vallées d’Aspe et d’Ossau, l’économie qui prédominait au XVIIIème est essentiellement agricole, et surtout pastorale, avec ses élevages de bovins, d’équidés et d’ovins.
Six villages composent la plus petite des trois vallées, mais l’habitat est plutôt dispersé à l’inverse de ses voisines. Toutefois, le centre des localités est dense.
- Les matériaux
Au niveau des matériaux de construction des maisons, les murs sont faits soit en galets roulés en fond de vallée (ruisseaux Le Vert, Le Vert d’Arette et Le Vert de Barlanès) soit en pierres cassées sur les hauteurs. On peut observer parfois les deux ensembles.
Pour lier ces matériaux, on utilise de la chaux, du sable (notamment du sable gris de rivière). L’usage des matériaux durs se généralise surtout aux XVIIème et XVIIIème siècles.
La charpente est conçue bien entendu avec du bois provenant des forêts de la montagne, particulièrement du chêne pour sa résistance.
La couverture se réalise historiquement avec du chaume et du bardeau, puis au XVIème siècle, plus exactement à la suite des guerres de religion, avec des ardoises provenant globalement de la vallée voisine, la vallée d’Aspe.
- Les types de plan
Le plan, d’après Jean Loubergé[16], est quelque peu différent de celui des deux autres vallées, puisqu’il n’y a pas de « maison bloc en hauteur », ce qui corrobore l’idée selon lui que la vallée de Barétous est « moins montagnarde que ses voisines de l’Est ». Par contre, il y a « fermes à un seul volume sous le même toit, mais avec grange-étable juxtaposée au logis sur la même façade » (visible surtout au centre d’Arette et d’Aramits). De même que l’on rencontre des « fermes à cour complètement fermée, peu nombreuses » (à Féas et Ance), des « fermes avec logis et grange-étable disposés en équerre sur une cour en façade ». Des fermes ont une disposition en équerre délimitant une cour à l’arrière, d’autres « se composent de bâtiments non jointifs entourant la cour sur trois côtés ; car l’importance de l’élevage fait qu’il y a souvent, dans une même ferme, deux grands bâtiments réservés au bétail ». 11
Enfin, un autre type de plan, « assez fréquent…, la ferme cour, mais à cour très réduite, car si le logis a une large façade sur la cour la grange n’y a qu’une façade sur mur pignon et quelque fois même une demi-façade seulement, juste la largeur de la porte cochère. » Mais ce schéma a un inconvénient, la forme de la cour est rectangulaire avec des largeurs trop étroites qui ne permettent pas aux charrettes de manœuvrer et de charger le matériel agricole lourd. Sa seule fonction réside dans l’accès à l’habitation et à la grange-étable et sa particularité découle de l’importance de l’économie pastorale. Le même auteur signale que ce plan se retrouve aussi « sur une bande de piémont de part et d’autre d’Oloron » ce qui poserait la question de son origine : Vallée de Barétous ou la zone géographique oloronaise.
Les façades sont ornées par des linteaux, décor « peut-être moins fréquent qu’ailleurs ». Jean Loubergé pointe Issor où on l’on observe « de beaux linteaux de portes ornés de motifs, principalement des rosaces. »[17]
4) La région d’Oloron-Sainte-Marie
Extrait de la carte Cassini, source:
https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/france-en-cartes/la-carte-de-cassini?mode=desktop
- Généralités
Le piémont oloronais comprend la localité et la zone qui englobe les rives des gaves d’Oloron, d’Aspe et d’Ossau.
A l’époque qui nous intéresse, les principales activités agricoles se composent de l’élevage et de la culture céréalière. Auxquelles il faut ajouter l’artisanat textile (notamment lainier) qui employait une main d’œuvre rurale. L’Espagne, particulièrement l’Aragon, était un acteur commercial important. Cette région a été de tout temps occupée par l’homme.
Jean Loubergé [18] distingue différents types d’habitats. Ils sont caractérisés par des « alignements de villages groupés. Les habitants se réunissaient autour de l’église, la maison commune. « Le souci d’économiser les terres agricoles, les nécessités de la défense ont conduit les maisons à se grouper dans une continuité minérale à l’alignement de la rue, sur des parcelles étroites et profondes. »[19] Dans l’ancienne vallée du Gave d’Ossau, il n’y a qu’un alignement… », tandis qu’ils sont deux dans la vallée du gave d’Aspe et du gave d’Oloron, « un de chaque côté de la rivière ». Les villages, dans la vallée du gave d’Oloron, sont plus nombreux et présentent souvent la particularité d’être des villages-rues, par exemple Préchacq-Navarrenx.18
Plus on s’éloigne des montagnes, plus la culture nécessite des bâtiments plus imposants vu que le paysage devient plat. On distingue plus nettement les habitations et les bâtiments agricoles comme la grange, on élève les murs pour des raisons de sécurité et de renom.
- Les matériaux
Les propriétaires visant l'autarcie recherchent avant tout à limiter tout achat de matériaux en provenance des régions éloignées, se souciant au contraire à se fournir dans les carrières locales.
Les matériaux de construction sont les mêmes que ceux que nous avons vus précédemment, c’est-à-dire des galets. Jean Loubergé précise qu’ils sont pris dans du mortier de chaux gris. Proche des collines dont on extrayait du calcaire pour alimenter les fours à chaux, on utilisait des moellons de pierraille.18 La recherche de l’autarcie se reflète dans la quête des matériaux. Ces derniers devaient se trouver le plus près du lieu de la construction.
Dans les reliefs plats, les chemins ou les routes sont plus larges et permettent de transporter des pierres taillées plus importantes.
Peu de chaînage d’angle taillé, mais dans les demeures plus cossues on dispose les galets en feuilles de fougères qui on l’a déjà écrit ne répondait pas seulement à un souci esthétique mais également technique vu que cet agencement autorisait la fixation du mortier de chaux vive sur les façades.
Outre les galets, on utilise les moellons de pierre (pierres de petite dimension grossièrement équarries).
Pour les portes et leur encadrement, on pose des linteaux allongés et non plus plusieurs éléments pour former des arcs, et ceci s’observe dans les zones plus dégagées.
Le corps de logis devait être mis en valeur, d’où « la finition d’un enduit, régulièrement rafraîchi par des badigeons, qui pouvaient être blancs ou teintés. Les dépendances agricoles ne faisaient pas l’objet d’un tel soin et étaient le plus souvent laissées à la pierre apparente. »[20]
En ce qui concerne la toiture, elle varie du Sud au Nord de la région. Celle en amont de Navarrenx se caractérise comme une « zone de transition où toits d’ardoises et toits de tuiles plates coexistent dans le même village, mais elle est peu étendue et on ne trouve guère les deux matériaux sur un même toit ».
Les couvertures en ardoises…ne se sont définitivement imposées qu’au XIXe siècle, au détriment des couvertures végétales de bardeaux ou de chaume… »[21]
Ce sont là encore les murs du logis qui sont enduits et « régulièrement rafraîchi par des badigeons, qui pouvaient être blancs ou teintés. Les autres bâtiments à caractère agricole sont fréquemment laissés à la pierre apparente. » [22]
- Les différents types de plan
L’influence montagnarde persiste, ce qui explique que les cours ne sont pas grandes et qu’elles soient fermées. Le portail peut être inséré dans le mur, il est alors plus petit que lui, ou alors il est pris dans la maison si cette dernière débouche sur la rue.
Quant aux plans des exploitations, ils sont très distincts.
Une maison béarnaise « classique » dépeinte par CAUE 64 22 se dégage par « l'affirmation du corps de logis qui se distingue franchement des bâtiments de l'exploitation agricole. Sa façade se développe sur le mur gouttereau, dans une symétrie composée autour de l'axe dessiné par la porte. Généralement cette façade s'offre aux regards par l'intermédiaire d'une petite cour, ouverte sur la rue ou le chemin. » Ce modèle « issu de l'architecture « savante » qui se répand dans tout le Béarn au cours des XVIIIe et XIXe siècles, témoigne du désir des propriétaires paysans d'inscrire dans l'architecture la pérennité et la qualité de la lignée familiale. »
Mais on peut distinguer d'autres types de plans.
Les uns sont « à plan en équerre et cour demi-ouverte ; les signes extérieurs de richesse n’y sont pas très fréquents » (hormis les piliers des portails coiffés de boule ou d’un petit toit d’ardoises). Aux environs d’Oloron, les galeries « ne sont pas rares dans les maisons rurales ».
D’autres, dans la zone Buzy-Buziet-Ogeu et à Gurs et à Sus, on trouve la « ferme-cour aux bâtiments disposés en équerre ». La partie habitation présente une ample devanture côté cour tandis que la grange comporte « une façade sur mur pignon, ce qui donne une cour étroite et longue, et dénote… la prédominance de l’élevage sur la culture. » 18
Vue de l'extérieur, la maison à cour fermée donne la sensation d'être en présence d'un bloc massif doté seulement de quelques ouvertures (porte charretière et peu de fenêtres); On la rencontre dans les quartiers, mais aussi dans les villages où elle peut même être le modèle prédominant comme à Escou.[23]
Enfin, dernier type, « entre Herrère et Eysus en amont, Navarrenx en aval : ce sont des fermes à cour intérieure complètement fermée par des bâtiments et par conséquent invisible de la rue ». 18 Les murs donnant sur la rue sont hauts et exhibent des portes charretières imposantes (pourtàus) et sont composées de deux vantaux de bois, quelquefois une porte pour piétons. L’influence des montagnes se fait sentir. Pas de décoration ostentatoire, si ce n’est parfois que des petites toitures à deux pentes. La cour est entourée de bâtiments. Le logis « comporte un étage » et « occupe un des côtés, ce qui lui permet d’avoir deux pièces donnant sur la rue par des fenêtres ». Autres bâtiments, la grange se tient au fond (détenant en pignon, sous la toiture, une ouverture en demi-lune pour la ventilation du foin), une « étable-porcherie occupe le troisième côté ; enfin le bâtiment surmontant la porte-charretière, quand il existe, fait office de grenier ou débarras. »18 L’explication de ce plan, d’après l’auteur, résiderait par le besoin de la famille de se replier sur elle-même. Mais aussi par le souci de détenir de nombreux bâtiments d’exploitation vu la prédominance de l’agriculture et ses productions variées.
Aux alentours de Navarrenx, on peut observer « un autre type qui combine sous un même toit la maison d’habitation et la grange-étable, avec double entrée sur la rue, ainsi à Audaux ». Dans « un secteur des collines qui séparent la vallée du Gave d’Oloron de celle du Gave de Pau », on rencontre fréquemment « la ferme à cour complètement fermée ».18
Exemples :
- A Castetnau-Camblong, la maison Cabane située sur la « Côte Vieille, possède un porche d’entrée doté d’une porte monumentale donnant sur une cour peu importante. La demeure familiale se trouve à gauche, une grande grange surmontée d’un fenil en face et, à droite, une remise. La ventilation est procurée par des croisillons en bois.[24]
- A Narp, la maison Bonnecaze, proche de la salle communale, possède une façade en partie composée de « pisé », « peut-être le seul exemplaire de tout l’arribère ». [25]
Ferme (de 1761) à Préchacq-Navarrenx présentant deux entrées sur la façade donnant sur la rue : une porte cochère et une porte pour piétons.
5) La vallée du Gave de Pau, entre Pau et Orthez, englobant en partie le « Cœur de Béarn »
Extrait de la carte Cassini, source:
https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/france-en-cartes/la-carte-de-cassini?mode=desktop
- Généralités
Le Gave de Pau est bordé par une zone marécageuse dont est issue une végétation que l’on nomme dans la région, la saligue. Cette dernière est née des divagations du cours d’eau à travers son passé. La terrasse alluviale est globalement réduite, excepté aux environs de Pardies-Monein. Jean Loubergé précise que cette « exiguïté… a réduit la surface des quartiers de culture a pour conséquence des villages plus espacés avec une disposition linéaire moins nette. »[26] Sur ce qu’il nomme la « terrasse ancienne », soit la zone à partir de Pau constituée d’éléments grossiers, de landes et large souvent de deux kilomètres, l’habitat groupé était inconnu. « Les fermes étaient proches de leurs champs…le métayage y était répandu ». Les hommes retiraient de cette lande le pacage et le soutrage.26
- Les villages
Les villages « bien groupés de la rive gauche… qui ont un plan circulaire » (Pardies-Monein, Mallacq…) et les villages « à habitat semi-dispersé de la terrasse ancienne » (Labastide-Monréjeau, Audéjos…) « sont fidèles au plan classique ». L’exploitation agricole est constituée de « deux ou plusieurs bâtiments autour d’une cour, la disposition en équerre étant la plus fréquente ; la construction en galets est quasi générale ; le logis a une façade symétrique avec porte centrale, sur mur gouttereau. »
A l’Ouest du Béarn, et notamment aux alentours d’Orthez, J.J. Cazaurang décrit la disposition de l’habitat… « au milieu, sous le pignon, s’ouvre la grande porte de la grange-étable, l’habitation des hommes se logeant dans l’appentis. Quant à la technique, la maçonnerie à moellons cassés est la règle, avec des exceptions en faveur du galet ; des briques pleines « sarrous » viennent fréquemment en remplissage. »
De nombreuses maisons ne comportant pas d’étages ne sont pas rares, ceci s’expliquant par un nombre important de petits paysans. Le souci d’étaler sa richesse ne s’observe pas vu qu’il n’y a « peu de portails monumentaux, peu de cartouches au-dessus de la porte d’entrée du logis, pas de pavement central en pierres de taille sur toute la hauteur de la façade. » [27]
- Les matériaux
En ce qui concerne, la couverture, à partir de Lescar, l’ardoise et la tuile-picon se côtoient, alors que cette dernière prévale à partir de Lacq. Aux environs d’Orthez, la toiture se présente haute et pentue, supérieure ou égale à 45°, ce qui a pour effet de limiter la largeur des bâtiments. En effet, les dimensions de la charpente en hauteur et la superficie des combles seraient alors surdimensionnées. L’usage de la tuile picon est liée bien souvent à des constructions à façade en gouttereau, éléments que l’on rencontre au cours du XIXème siècle. Un mur gouttereau est un mur latéral qui supporte les gouttières, les gargouilles et qui contraste avec le pignon, mais aussi se dit d’un mur sur lequel repose la base de l’égout d’un toit. Au XIXème siècle, effet, l’habitation se démarque seule du reste des autres bâtiments d’exploitation, la façade-gouttereau et la tuile picon s’imposent.
Une analyse est consacrée à ces maisons à façade en gouttereau dans l’étude faite par CAUE64. Le toit brisé, à la Mansart, s’est étendu dans la région d’Orthez dans les riches demeures. Il comprend deux parties, la partie inférieure est la plus pentue, et est « couverte de tuiles picon, ou parfois d’ardoises, tandis que la partie supérieure, moins pentue reçoit parfois de la tuile creuse. » Ce type de toit procure au logis une « apparence aristocratique » et, aux bâtiments agricoles, de donner un plus important grenier et un « possible développement en largeur. »[28]
« A côté de la tuile plate classique, de forme rectangulaire, apparaît une tuile plate se terminant à sa partie inférieure par un arrondi, ce qui donne une couverture dite en « écailles de poisson ». [29]J.J. Cazaurang 27, de son côté, mentionne que si l’on exclut quelques maisons de maître, des châteaux et des églises, « la tuile rouge sombre à tonalités de pêche mûre, règne, couvrant des toits dont le pignon central, pointu, surmonte un ou deux appentis singulièrement plats ».
La génoise à plusieurs rangées ou des modillons « soutiennent la toiture au-dessus de l’égout. »Dans l’article issu de CAUE64 mentionné plus haut, il est écrit que la génoise est une avancée formée par un, généralement deux, quelque trois rangs de tuiles creuses superposés en débord du mur ». Selon la « fantaisie des maçons, la tuile peut se présenter par sa face concave ou par sa face convexe. Parfois même, les deux sont mêlés dans une même génoise. » [30]
Maison à Bosdarros, rue Pierre Bidau, comportant une inscription au-dessus de la porte. IHS (Iesus Hominum Salvator = Jésus Sauveur de l'Humanité) BERNARD DE PARDEILHAA LAN 1746.
Trois photographies prises d'une maison à Bosdarros, chemin de Rébénacq.
* Exemples de maisons rurales dans les coteaux de Jurançon
Jean Loubergé [31]écrit au sujet des maisons rurales avant le XVIIIème siècle, qu’elles étaient « très mal construites ». Il donne l’exemple d’une maison située à Jurançon, la maison du Pasa, dont nous avons un rapport assez détaillé fourni par des experts, maçons et charpentiers, daté de 1732. C’est une métairie « assez importante », constituée de la maison, d’une grange, d’une basse-cour, d’un jardin, d’une vigne, de hautins, de taillis et de châtaigneraie, de bois, de fougeraie et de terres labourables. Voici la description donnée par l’auteur : « Les murs étaient de qualité médiocre, faits de cailloux et terre pour la grange, de pierres brutes ramassées dans les coteaux pour la maison d’habitation ; seuls les cantons [angles des murs en pierre] des deux bâtiments étaient faits de pierres taillées. Les experts estiment que les murs de la maison menacent d’une ruine prochaine, la muraille étant « calcinée faute de l’avoir crépie » ; quant aux murailles de la grange, elles sont hors de leur aplomb et seraient tombées depuis longtemps dedans ; le verdict est qu’il faut les démolir au plus vite. La charpente est également en mauvais état car les poutres ont plié ; leur section était trop faible et elles contenaient par ailleurs un trop fort pourcentage d’aubier. Enfin le toit de la maison est en bardeaux et celui de la grange moitié bardeaux, moitié pailles. »
Il précise que dans le Jurançonnais, de nombreuses maisons qui risquaient de tomber en ruine « furent remplacées, dans le courant du XVIIIe siècle, pour des maisons mieux construites, avec murs de cailloux pris dans un mortier à chaux et à sable. Dès 1730, à peu près à la même époque que l’expertise de la maison du Paysa, la métairie d’Aressi (aujourd’hui maison de Nays) est déjà bâtie à chaux et à sable ; mais le toit est encore fait de bardeaux, de même que le toit des granges. » A cette période, «certaines maisons d’habitations » se voient dotées de « terrasses construites, soutenues par des murs de pierres brutes », telle la maison du Paysa. Peut-être s’agissait-il d’une « marque distinctive de domaine résidentiel. »
Maison de métayer au XVIIIe siècle, au château de Rousse à Jurançon. Façade étroite sous pignon, côtés allongés. Four accolé au mur, protégé par un toit mais caché par la haie. Porte donnant accès à une pièce faisant office de cuisine et de salle commune, à l’arrière se trouve une petite chambre. A l’étage, le grenier occupe tout le toit.
Aubertin: maison avec un four à pain
6) Le Nord-Ouest du Béarn
Extrait de la carte Cassini, source:
https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/france-en-cartes/la-carte-de-cassini?mode=desktop
- Généralités
Le paysage, ici, offre un relief peu élevé vu que les montagnes sont éloignées, ce qui explique que les altitudes sont peu élevées. En ce qui concerne les deux gaves, ceux d’Oloron et de Pau, ils présentent des terrains accidentés. Celui d’Oloron, la vallée est d’abord étroite puis s’évase dans la zone aux environs de Sauveterre-de-Béarn, celle de Pau a, au contraire, une vallée élargie avant d’aborder Orthez où elle devient encaissée. Au niveau climatique, nous sommes plus proches de l’océan que les autres parties de la province et, par conséquent, le vent et la pluie provoquent davantage d’effets sur les bâtiments.
Le calcaire crétacé est présent sur les collines, il est blanc, aisé à façonner, et procure une chaux de bonne qualité. Les carrières les plus connues se trouvaient à Orriule, Castetarbe…
Religieusement, cette région est incluse dans le diocèse de Dax jusqu’à la Révolution expliquant, selon Jean Loubergé, que l’on trouve des maisons de type landais (exemples à Labastide-Villefranche). Le même auteur rappelle la dualité entre collines et vallées pour ce qui concerne la mise en valeur et l’habitat. Il écrit que les « grandes vallées ont connu une mise en valeur précoce, la culture céréalière et l’habitat groupé », alors que dans les collines, « la mise en valeur a été plus tardive… où le boisement tient… une grande place ; la bourgeoisie d’Orthez, salies, Sauveterre s’y tailla de belles propriétés et le métayage fut très pratiqué. Aussi l’habitat en fermes dispersées y domine-t-il ; et l’économie agricole fut longtemps orientée vers une polyculture combinant céréales, vigne et élevage. »
- Les matériaux :
Trois cours d’eaux traversent cette partie du Béarn dans le sens sud-est / nord-ouest. L’utilisation des galets extraits des trois vallées est importante. Mais, il est en concurrence avec la pierre calcaire ou marneuse exploitée sur les collines, notamment du côté de Salies-de-Béarn. Le calcaire, aux XVIIème et XVIIIème siècles, servait spécialement pour les encadrements des ouvertures. La plâtrerie de Caresse était réputée. Jean Loubergé écrit que les tailleurs de Laàs étaient très réputés.[31] L’ophite (carrières de Leren et de Caresse) était utilisé pour les soubassements des maisons, sa provenance. Les carrières de sable autour de Salies étaient renommées.
- Les types de plan des maisons rurales :
A signaler, que la maison présente dans cette zone offre la particularité d’une maison de transition, en effet, les régions des environs (basque, landaise) jouent une influence.
Il y a celles qui présentent un « plan à en équerre, avec logis et bâtiments d’exploitation disposés autour d’une cour qui est plus vaste dans les collines que dans les vallées. » Un autre type, aussi répandu (le genre « ferme-bloc »), la cour étant seulement bordée par une seule bâtisse rassemblant hommes, animaux, matériel agricole et récoltes en deux parties, le logis et la grange-étable. Le « logis a une façade symétrique, avec porte centrale et une pièce sur chaque côté, et la grange-étable, qui lui est juxtaposée, s’ouvre sur la cour par une grande porte cochère. »
L’abbé Bonnecaze[32], dépeignant la localité de Bellocq, écrit que les maisons présentent une « forme particulière… la plus favorable pour loger beaucoup sur une moindre étendue, en mettant la famille et les animaux domestiques, entre les mêmes murs et sous le même toit, séparés par des couloirs et des murs de refend. La façade principale est toujours sur la rue, derrière la maison une très petite cour pour le fumier et les ébats des petites bêtes, le reste du rectangle occupé par le jardin… Il rajoute que dans les places certaines familles, plus aisées, ont agrandies leurs bâtisses. « … on voit, dans beaucoup de maisons, deux chambres ouvrant sur la rue séparées par le large couloir qui abrite les instruments d’agriculture, quelquefois même la façade plus allongée, sans que la construction s’écarte de la forme autrefois usitée… »
Une variante se trouve autour d’Orthez. « Une construction, accolée à l’arrière du logis, sert d’étable, elle a un toit en appentis qui est recouvert de tuiles-canal »31
Au nord-ouest de la zone étudiée, Jean Loubergé précise qu’il existe deux types de maisons uniques dans leur genre.
Le premier type se distingue d’une grande grange-remise qui s’ouvre par une vaste porte cochère, elle est surmontée d’un grenier-fenil, son toit est très pentu et est recouvert de tuiles plates. De chaque côté, deux bâtiments plus bas abritant, pour l’un, l’étable et, pour l’autre, l’habitation. Cette dernière est constituée de deux ou trois salles en enfilade, « la cuisine étant toujours la première de celles-ci, en façade sur la cour. » L’ensemble est recouvert d’un galetas, « car le toit très plat est couvert de tuiles canal. » On le rencontre dans une zone entre le nord d’Orthez et aux alentours de Sauveterre-de-Béarn, il porte le nom de « glousse » ou de « clouque ». Ce nom évoque la poule qui déploie ses ailes pour protéger ses petits. Ce sont les métayers qui l’adoptaient davantage.
L’autre type est caractérisé par un toit dit à la « Mansard », moins présent dans le sud-ouest. Grâce à la surface du toit que procure ce type de couverture, les propriétaires ont obtenu des greniers et des fenils plus vastes. Jean Loubergé mentionne qu’on le rencontre aux environs de Puyoo et de Sauveterre-de-Béarn, par l’existence de charpentiers qui avaient opté pour cette spécialisation et le souhait des propriétaires de copier le modèle urbain présent à Orthez et Salies. Ces dits propriétaires étaient fortunés.
La maison à façades en pignon est la plus commune. Elle est « percée d’une large porte charretière en son centre. La saillie d’une pierre évier, d’une cheminée, ou la présence d’une porte nous montrent qu’une travée [division du plan correspondant à une portée de poutres ou de solives entre ses deux appuis, généralement deux murs] latérale, généralement au sud, abritait le logement. »[33]
Deux photographies prises de la maison Chrestia (où naquit le poète Francis James) à Orthez : maison à cour du XVIIIe siècle, avec galerie de bois donnant sur la cour, au sud.
- Les matériaux
En ce qui concerne la tuile, son usage entraîne répercussion sur l’architecture. Si on utilise la tuile creuse, il est vital de disposer seulement d’une couverture comportant une légère pente, inférieure à 30 °, ce qui procure l’avantage d’élargir la maison en largeur. Par contre, si on met la tuile picon, la pente est alors supérieure ou égale à 45 °, raccourcissant la largeur de la bâtisse. D’autre part, la tuile creuse est posée fréquemment sur les façades en pignon, alors que la tuile picon correspond plutôt à des bâtiments à façade en gouttereau.[34]
La décoration telle la gênoise, la frise ou la corniche n’est pas absente. Rappelons que la gênoise est « une avancée formée par un, généralement deux, quelquefois trois rangs de tuiles creuses superposées en débord du mur. Au gré de la fantaisie des maçons, la tuile peut se présenter par sa face concave ou par sa face convexe. Parfois même, les deux sont mêlés dans une même génoise. » [35]
Corniches d'une maison datée de 1782 à Orthez, rue Saint Gilles.
7) Le pays des Luys et du Gabas
Extrait de la carte Cassini, source:
https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/france-en-cartes/la-carte-de-cassini?mode=desktop
Cette région forme un triangle dont les sommets correspondent aux localités de Garlin à Orthez au Nord, d’Orthez à Pau à l’Ouest et de Pau à Garlin, par conséquent, délimitée par le Vic-Bilh et le Nord-Ouest du Béarn. Ses reliefs sont composés de vallées et de collines où l’argile est quasi omniprésente. La végétation est constituée sur les collines de bois de chênes et de châtaigniers et sur les ribeyres des landes ce qui explique que dans le passé cette région était pauvre. Le bocage tapisse le paysage.
Dans la zone nord-ouest de ce triangle, le défrichement s’est effectué sous l’impulsion à la fois de l’abbaye de Larreule et des seigneurs, implantant des bourgs sur les hauteurs. On pense à Morlanne, Arthez-de-Béarn… En dehors de cette contrée, l’habitat dispersé est maître, ce qui occasionne un centre modeste des villages.
Les habitants pratiquaient la polyculture, utilisaient le bois des forêts qui pourvoyait « un appoint indispensable aux paysans avec la vente du bois de chauffage et les châtaignes, sans compter la chasse et le braconnage. »[36]
Le Vic-Bilh se retrouve dans cette région en ce qui concerne les constructions. On y voit d’un côté des grandes exploitations « avec des bâtiments nombreux » et des petites « sans étage ne comportant que deux pièces et une porcherie-poulailler d’importance très réduite ». Au Nord, près des Landes, de nombreuses « petites maisons basses… il y a une indication sociale. »
- L’ornementation
Un fronton de petite dimension est « assez fréquent dans la partie Sud-Est, au Nord de Morlaas, en façade de maisons couvertes d’ardoises ; il s’y associe avec la présence sur les murs de façade et quelquefois sur les murs pignons, de motifs ornementaux en crépi blanc qui se détachent sur le crépi gris… »
Au sujet de la couverture, l’ardoise est remplacée progressivement au fur et à mesure que l’on avance en direction du Nord-Est par la tuile-picon. Parallèlement, « les motifs en crépi blanc disparaissent. » Toujours, dans le Nord-Est, on retrouve les petits frontons.
Couverture en tuiles picon, maison à Orthez, rue Saint Gilles.
Les tuileries dans la zone étudiée sont nombreuses, notamment à Sauvagnon, du fait de la forte présence de l’argile permettant de réaliser non seulement des tuiles, mais aussi des « grosses briques de construction pendant l’été, des adobes pendant l’hiver pour occuper la main d’œuvre... »
Autre décoration, la génoise parcourt le dessous de l’égout du toit.
Dans cette région des Pays des Luys et du Gabas, le matériau de construction de prédilection reste l’argile, utilisée « soit sous forme de torchis ou de pisé, soit sous forme d’adobes qui trouvent ici une utilisation non négligeable. »
8) Le Vic-Bilh et le Montanérès
Extrait de la carte Cassini, source:
https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/france-en-cartes/la-carte-de-cassini?mode=desktop
Vue partielle d'un paysage du Vic-Bihl prise près du château d'Arricau-Bordes. Plaine de Lées.
- Généralités
Si le Vic-Bilh (« vieux pays ») est la zone la plus ancienne incorporée au Béarn, le Montanérès, à l’opposé, a été rattaché au milieu du XIème siècle. Son paysage est parsemé de collines et de vallées. Les hommes ont privilégié l’occupation des lignes de crête et les versants des collines orientés vers l’Est. Leurs villages sont composés d’un centre étriqué et d’habitats dispersés. Quelques bourgs se détachent comme Lembeye et Garlin. Les paysans produisent de la polyculture, de la vigne qu’ils exportent sous l’Ancien Régime. Nous sommes en présence d’une région de petites propriétés et, par conséquent, dans laquelle on ne dégage guère beaucoup de revenus. On y vit quasiment en totale autarcie. Le maïs s’est implanté à la suite notamment de défrichements des landes. Des artisans confectionnent des tuiles à l’aide de l’argile extraite sur place, souvent sur le sol de la combe. Comme ce dernier possédait la caractéristique d’être meuble, on pouvait confectionner le liant des galets et des briques. La demeure terminée, on se servait du creux obtenu dans le sol pour s’en servir de mare.
- Les types de plans
L’emplacement de la maison, est comme partout ailleurs, bien choisi. Eviter de trop l’implanter sur des hauteurs balayées par les vents, sur les rives d’un cours d’eau pour éviter les crues (« les arribères »), au fond des vallées pour ne pas subir les problèmes de santé. Quel choisir ? Une combe (« come ») « à mi-coteau, le plus souvent abritée des pluies d’ouest et des frimas nordiques, tournée vers l’est. » Pour mieux protéger la maison des vents océaniques, on plantait fréquemment des haies.
Comme la grande majorité des paysans, ils se doivent d’être autosuffisants, ce qui explique que les fonctions soient concentrées autour d’une cour.
De ce fait, à côté de maison, la ou les granges (les terriers mentionnent souvent « les »), une cour, un jardin. Il faut y adjoindre le four, le poulailler-soues, le puits, la clôture de galets… »[37]
L’ensemble correspond généralement à un arpent.
Jean Loubergé décrit les fermes comme des « fermes-cours, la cour étant séparée de la rue par un mur bas ou seulement une barrière de bois. » Se détachent uniquement quelques grandes exploitations agricoles qui sont constituées d’une « maison d’habitation à étage et des granges-étables souvent importantes, avec deux ou trois portes charretières. » A l’opposé, les petites fermes sont pléthores puisque la paysannerie, à l’époque, est composée surtout d’humbles agriculteurs. Le même auteur souligne qu’elles « sont fréquemment accompagnées à l’arrière d’une construction en appentis, avec couverture de tuiles-canal, et on y relève souvent cette trace d’archaïsme que l’absence d’un couloir central. Elles sont basses, sans étage. »
La grande majorité des fermes se compose donc de deux bâtiments, un logis et une grange étable, soit disposés en équerre, soit assemblés sous un même toit.
Dans la plupart des cours, on trouve un puits, situé près du logis en général.
Dans les villages, les maisons suivent le tracé des routes et se disposent en vis-à-vis.
Si on devait établir un parallèle entre la propriété rurale, la catégorie sociale des exploitants et la maison rurale, on pourrait distinguer trois types de tenures. Le casau correspondrait entre 10 et 12 ha, l’ostau entre 7 et 8 ha et, enfin, le botoy , moins de 7 ha. Ce dernier genre appartient à un ouvrier agricole, possédant une petite demeure de deux pièces, construite avec du pisé, une grange également de moindre importance, multifonctionnelle (grange, remise, écurie, étable). Quant à l’ostau, c’est elle qui représente le type même de maison traditionnelle du Vic-Bilh. Vu la quantité de surface dont il est propriétaire, il n’est pas obligé de travailler pour un autre paysan plus fortuné, il peut vivre non misérablement. A Casteide, une maison (nommée Bergerée) en 1759 est estimée à 440 livres. La description est la suivante : une porte d’entrée implantée au sud, une façade comportant deux ouvertures, des murs « à chaux et à sable », une couverture d’ardoises. On ajoute à cela un appentis servant de cuisine au nord, fermé d’un mur de terre, recouvert de tuiles. Il détient aussi deux granges. La valeur de l’ensemble est estimée à 600 livres. Enfin, dernière catégorie, le casau, ses finitions sont plus élaborées, le propriétaire restant discret. On élève un étage, on agrandit la maison par rapport aux autres paysans, on soigne les encadrements des ouvertures des granges, on entoure la cheminée d’un joli manteau de bois… Il embauche, lors des travaux saisonniers, le propriétaire d’un botoy. S’il emploie de façon permanente des ouvriers agricoles, il les loge dans l’arrière-cuisine, le comble ou dans la grange.[38]
En dehors de ces trois types de tenures, il existe un petit groupe de riches propriétaires.
Les dimensions de ces maisons, surtout si elles comportaient deux pièces (pièce principale, cuisine) et un vestibule, sont de 14 à 16 mètres. Si elles sont dotées d’un étage, elles varient peu en réalité. Au niveau de la largeur, la moyenne se situe entre 7 et 10 mètres approximativement. Quant à l’épaisseur des murs, on constate une moyenne comprise entre 0,60 m et 0,65 m. Enfin, la hauteur des murs oscille dans une fourchette entre 3 et 6 m.
Un grand portail monumental donnant sur la rue, quelquefois surmonté d’un toit, permet d’accéder à une cour intérieure autour de laquelle s’ordonnent le logis et les dépendances. Ce portail le plus courant est constitué de « deux cadres de châtaigner dans lesquels sont passées des barres de fer soudées dont le bout est martelé en pointe de flèche. »
Mais aussi, il existe, comme dans la plaine de Nay, des portails de bois, en chêne ou en châtaigner, d’une hauteur de plus de 2 mètres. Le bas est barré par de larges bandes verticales. « … parfois, une zone intermédiaire d’une vingtaine de centimètres de haut est garnie de petits barreaux tournés, ou plus fréquemment de planches transversales, tandis que la partie supérieure est formée de barreaux de bois carrés sur l’angle. Ces vantaux très lourds sont généralement maintenus dans des crapaudines de pierre en bas et dans la poutre de couvrement en haut, car ce sont là des vantaux de corps-de-passage ou de portails couverts traditionnels du Béarn et en général de la zone des Pyrénées centrales. » Moins courants que ceux qui sont couverts d’ardoises ou de tuiles.[39]
Pour les plus pauvres, le portail se matérialise seulement par un appareillage de branches.
Un petit jardin (« casalet ») fait fréquemment partie intégrante à la ferme.
Exemples de plans de maisons rurales:
Deux photographies prises à Moncaup : ferme présentant une façade avec un petit fronton central, une toiture en tuile picon. A droite, un poulailler et une porcherie, avec une galerie de bois.
- Les matériaux
Au niveau des matériaux, on utilise le galet et des « moellons de pierraille » pour les grandes fermes généralement, mais aussi l’argile qui abonde dans cette région. En effet, elle est usitée dans la composition des pisés (tapis) dans le monde rural en ce qui concerne les habitations, les bâtiments annexes. Cette partie du Béarn utilisera le plus longtemps ces matériaux organiques.
Si on use de la pierre, avant le troisième quart du XVIIIème siècle, on opte pour du grès, à partir de cette époque la pierre des Pyrénées (ou le marbre gris) la remplace progressivement,
Le calcaire est rare, peu de gens n’ont pas les moyens de faire venir de la chaux. La brique n’est pas inconnue, on l’emploie « dans les encadrements des ouvertures, ou noyée dans l’opus incertum. » [40]
A l’intérieur des demeures, on séparait les pièces par des cloisons (« parets ») réalisés en torchis (« mélange de croisillons de chênes, de lattes de châtaignier, de crin ou d’une argile grossière… ») [41]Ce torchis permettait de réaliser parfois des plafonds.
Les murs, comme nous l’avons vu dans d’autres parties du Béarn, sont souvent disposés selon le système dit de « la fougère », c’est-à-dire en alternant les rangées de galets inclinés dans un sens opposé.
Ces murs, afin de les protéger, sont enduits de chaux (recouverts préalablement d’un enduit grossier), si possible, chaque année. Les façades offrent à l’observateur la vision d’un « ocre tirant sur le doré. » A des fins de décoration, on badigeonne le bas des murs sur une hauteur avoisinant les cinquante centimètres. On opte pour le brun rouge, couleur que l’on retrouve également à l’intérieur des maisons.41
Les maçons, à des fins ornementaux, pouvaient jouer, lors de la pose de l’enduit, du « contraste entre des parties lissées et grattées, claires et ocrées… quant ils ne recomposaient pas la façade par des bandeaux ou des panneaux. Parfois même, ils inscrivaient dans l’enduit des motifs décoratifs : cœurs, croix latines, « croix basques », rosaces, guirlandes… » [42]
Les murets qui séparent la ferme de l’extérieur sont généralement peu élevés (1,20 à 1,50 m). Réalisés en galets, suivant la disposition « de feuille de fougères », peu fréquemment enduit.
Ces murets englobent, on l’a vu, le logis et les dépendances. Outre la grange-étable, viennent s’ajouter le poulailler et la porcherie, la plupart du temps assemblés sous un même petit bâtiment, couverts par un toit à deux pans et accolés au logis (parfois intégrés au four afin de profiter de la chaleur).
- Les toitures
Quant à la toiture, ces régions se distinguent par la tuile picou plate qui domine dans le Vic-Bilh (parties Nord et centre ; l’ardoise dans la partie Sud) alors que l’ardoise règne dans le Montanérès. La tuile picon (et l’ardoise) remplacent les matières organiques au départ sur les habitations, ensuite aux granges. La couleur de la tuile picon donne à la toiture une couleur chaude rousse. Elle peut être ouvragée, avoir un embout arrondi ou parfois donnait des « tons alternés en losange dans un souci esthétique. » (andré anglade)La tuile-canal couvre les toits plats de la zone démarrant « à partir de Castéra-Loubix ». Mais Le chaume, les bardeaux recouvraient également de nombreux bâtiments, le chaume sera utilisé jusqu’au début du XXème siècle.
Le bois de charpente est constitué surtout de châtaigniers et de chênes.
- L’ornementation
Le fronton que nous avons vu précédemment est aussi présent dans le Vic-Bilh, essentiellement à partir de la fin du XVIIème siècle. On rappelle que le toit, et la forte pente qui le distingue, permet une grande surface. Une petite baie est positionnée sous le fronton. La lucarne-fronton a deux fonctions, décorer en rompant la monotonie de la façade et servir « un peu » d’aération et d’éclairage, le plus souvent à un grenier (« soulé ») ou une chambre de dimension réduite (la crampette »), réservé souvent à un domestique.(
Il est courant au nord de Morlaàs, « entre Thèze et Garlin, à la limite ouest du pays… »41
Le souci de la décoration est palpable avec la génoise, sous la toiture, composée de « tuiles creuses maçonnées, souvent portées par des moulures de briques formant des ressauts successifs. » Les fonctions de cette corniche sont multiples : soutenir les pieds de chevrons, protéger les murs du ruissellement des eaux de pluie, décorer en jouant sur les effets d’ombre et de lumière. La génoise « enveloppe la lucarne-fronton qui se trouve ainsi fermement liée au mur. »42
Au sujet de cet élément décoratif, elle est fréquemment affichée « dans la façade des grandes constructions de style classique à partir du XVIIe siècle. »[43]
Fréquemment un balcon (« arrayadiu ») est disposé à l’arrière de la demeure, son utilité est la même que celle que nous avons analysée auparavant, c’est-à-dire faire sécher les récoltes, le linge…
En ce qui concerne les fenêtres, on en observe deux rangées ou, pour les maisons de paysans fortunés, de quatre. Le souci de symétrie joue à plein avec le fronton.
Certaines maisons « présentaient un curieux mur fronton, très haut, un peu semblables à celui des petites églises du Vic-Bilh à ceci près que la base seule était de pierre taillée, le reste était fait de galets ou de torchis en colombages. » Ce dit mur pouvait comporter plusieurs petites ouvertures, peut-être des niches à pigeons. Des appentis, avec des inclinaisons plus douces, recouvraient les dépendances.
André Anglade, par la suite, décrit l’intérieur des maisons de la région.
Les portes d’entrée dans le Montanérès sont coiffées d’arcatures « en plein cintre ou anse de panier », du fait de l’influence reconnue de la Bigorre, toute proche.
Au-dessus de la porte d’entrée, il est courant de voir une inscription, un nom, une date. Le propriétaire est fier de porter le nom de sa maison. Aux chronogrammes, on associe généralement le nom, aux XVIIème et XVIIIème siècles.
Il faut se méfier de la date, car parfois, elle ne correspond pas toujours à l’édification. Lorsqu’adviennent un changement familial, un souhait de restaurer la façade, on corrige le linteau.
Cette même porte d’entrée, surmontée du fronton, donne sur la pièce principale. Une fenêtre placée à droite de l’entrée éclaire l’intérieur de ladite salle. Un petit couloir sera ajouté, « par la suite », pour accéder au grenier. Un petit réduit est aménagé sous l’escalier, servant soit de débarras, soit de chambre d’enfant. Dans cette salle, on observe une cheminée « sur le mur de droite », elle est légèrement rehaussée, « assez imposante par sa profondeur avec ses coins (cantons ou cornets) réservés aux anciens. » Un four lui est accolé, la partie qui se trouve à l’extérieur est « de forme arrondie couverte d’un petit toit... », habituellement orienté au nord.
Nombre de fours ont été ajoutés au XIXème siècle. Au siècle précédent, le four banal était parfois le seul utilisé, comme à Morlaàs ou dans d’autres localités.
Dans les maisons plus cossues, à gauche de l’entrée, « vers le sud généralement, était une pièce de réception ou d’apparat » qui deviendra plus tard soit une chambre d’invités, soit une salle à manger « lorsque le gain de place et la mode favorisèrent des mœurs plus urbanisées… »
Dans le logis, à l’arrière, parfois, d’autres pièces sont accolées : « un appentis, à vocation utilitaire, arrière-cuisine, « hournère », remise, ou chai. », ou tout simplement des chambres.42 (hournère : fournil) Le toit décline très bas et, de ce fait, protège, lorsque c’est un appentis, la bâtisse des vents de pluie.
Les plus aisés ajoutaient occasionnellement un étage pour installer des chambres. Mais, en général, il n’y a pas d’étage vu le manque de solidité des murs, donc on préfère étaler en longueur la maison.
A ce propos, il ne faut point omettre le fait que lorsqu’un événement familial survenait, on réaménageait ou on agrandissait la maison, si bien entendu on en avait les moyens. Si le projet de reconstruction se concrétisait, il était courant de le réaliser en tranches. L’exemple de la ferme Berdaille de Taron est significatif. En 1762, on construit la grange suivie de l’écurie en 1764, on dresse un étage à la maison en 1767.[44]
Ces agrandissements, ces adjonctions montrent l’augmentation du niveau de vie des propriétaires, cela se répercute aussi à l’intérieur par l’obtention de mobiliers.
Quant à la décoration des ouvertures, à la suite de l’abandon des matériaux dits organiques (torchis…) et leur remplacement par des matériaux durs comme les galets que l’on recouvre d’enduit ; les « points sensibles de la construction, encadrements de portes et de fenêtres, angles de murs, cheminées… font appel à la pierre ou à la brique. »42
En ce qui concerne les volets, on les dispose à l’intérieur. A la fin du XVIIIème siècle, ils correspondent à « un bâti de bois décoré d’une moulure en carré ou en losange. » On les peint soit de brun rouge, soit de gris bleu, ou , enfin, mais « plus rarement en vert foncé. »
Le sol, souvent de terre battue, peut être revêtu de briques de pavement, quelquefois une bande de 2 mètres de galets longent la demeure.
- Les artisans
Les censiers, les actes notariés où on dresse des contrats de constructions révèlent des noms d’artisans. Le charpentier Dominique Courtialh s’engage, le 2 janvier 1791, auprès de Bernard Lagabarre, à réaliser des travaux sur la maison, et, par conséquent, elle sera « prête à être couverte et à être fermée en torchis. » à la livraison. Il est inscrit qu’il fournit le boisage. Le tout pour une somme qui s’élève à 54 livres.
Les maçons sont peu nombreux, et nombre d’entre eux, sont à la fois maçon et charpentier. Comme ce dénommé Marsan, « architecte » gantois, qui peut se prévaloir d’avoir réalisé le retable d’Anoye, la chaire de Vieillepinte et la chapelle Saint-Jacques de l’église de Moncaup.
Quant aux tailleurs de pierre, au vu des nombreux encadrements de pierre des ouvertures réalisés durant le XVIIIème siècle, il s’avère que leur nombre était relativement important.[45]
9) La plaine de Nay (La Batbielle ou « vallée vieille »)
Extrait de la carte Cassini, source:
https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/france-en-cartes/la-carte-de-cassini?mode=desktop
- Généralités
Cette région forme un triangle de près de 25 km délimité par trois cours d’eau, à l’Ouest par l’Ouzom et le Gave de Pau et à l’Est par l’Ousse. Dans le Béarn, elle est considérée comme la région la plus riche (agriculture, artisanat rural, fabrication de textiles à Nay). En réalité, ce n’est pas une plaine, mais plutôt une large vallée circonscrite par des coteaux. C’est une zone agricole où l’arbre se cantonne seulement sur les coteaux et sur la saligue le long du Gave où se sont déposés des alluvions composées d’argile et de sable. Ce Gave est essentiel vu que les constructeurs y puisent le gravier et le galet, mais peut engendrer des catastrophes lors des crues capables de détruire plusieurs fois le pont de Nay. Sur les récoltes et les habitations, ses effets sont nuisibles vu que son cours sort de son lit souvent. Ce qui explique que pour lutter contre ces accidents, les hommes doivent se regrouper et former des gros villages et un habitat groupé. Pour l’aménagement de ces terres, on interdit l’implantation de bâtiments et d’arbres. De plus, « sur les coteaux avoisinants, de terres communales maintenues volontairement incultes pour servir à la fois au pacage des troupeaux et au soutrage nécessaire pour avoir de la bonne fumure. » L’auteur rappelle que le mot soutrage vient de soutre donc de la fougère servant alors de litière pour le bétail ou de fumier.[46]
Les paysans produisaient du « blé et maïs [qui] se succédaient en assolement », du lin. Ils élevaient des bovins et des chevaux « le long des cours d’eau (Gave ou ruisseaux affluents) des prés humides enclos de haies… » Ils servaient également de « main d’œuvre rurale travaillant à domicile » grâce à l’industrie textile à Nay, expliquant « le nombre des villages et leur importance. »
- Les villages
En ce qui concerne les villages, l’auteur mentionne qu’ils sont « sans plan bien défini, à l’exception des deux anciennes bastides de Lestelle et de Montaut; celles-ci, fondées au XVIe siècle par le regroupement de peuplements préexistants plus diffus… » Pas d’habitations trop éloignées les unes des autres en milieu rural dans la période qui nous intéresse, excepté par pure nécessité les moulins au bord des cours d’eau.
Lorsqu'on observe les inscriptions mentionnant les dates, il ressort qu'à partir de 1780, le nombre d'édification de bâtiments s'accroît beaucoup, la conjoncture économique explique en grande partie ce fait.
- Les types de plan
Le logis et les fonctions agricoles ne sont jamais réunis sous un même toit. Ces dernières (écurie, étable, fenil... assemblés sous un même bâtiment portent un nom commun, la borde.
A côté de ce bâtiment, s'en adjoignent d'autres comme le four.
Les exploitations agricoles sont constituées de bâtiments entourant une cour généralement spacieuse. Les bâtiments, habitation et grange-étable, sont de forme rectangulaire généralement. La façade du logis ne donne pas fréquemment sur la rue et est orientée à l’est ou au sud-est, à l’abri du vent et de la pluie, donc, au soleil. Conséquence, la « façade d’une maison a pour vis-à-vis l’arrière sans ouverture de la maison voisine. »[47] Incidence sur le plan des villages, comme à Assat ou à Noguères, « transversales à la direction générale de la vallée, même la façade de la maison d’habitation est invisible de la rue, comme la plupart des rues de villages ont une direction N.O.-S.E., c’est-à-dire la direction générale de la vallée, et que la façade de la maison s’ouvre au Sud-Est, c’est d’ordinaire le pignon qui se trouve en bordure de la rue ; celle-ci présente alors une succession caractéristique de pignons placés à une certaine distance les uns des autres, chacun étant séparé du pignon de la maison voisine par toute l’étendue de la cour. » [48]
Comme le prouve la maison Sallanabe à Saint-Abit qui date de 1702, les maisons comportant un étage et comportant trois travées existaient.
- Les matériaux
Le galet roulé du gave prédomine dans la construction, le torchis ou le pisé sert pour les « cloisons intérieures de maisons modestes et il y est parfois renforcé de carcasses d’épis de maïs. »
Le galet, au Moyen Age, n’est pas fréquemment utilisé, car le mortier de qualité, nécessaire pour la résistance du mur en tant que liant, n’est pas courant. Par contre, il le sera davantage aux XVIIème et XVIIIème siècles.
La région bénéficie de la richesse des matériaux qui parsèment son sol, outre le gave qui fournit les galets, il procure aux bâtisseurs du sable.
Les galets sont liés au mortier. L’auteur précise qu’à partir du XVIIIème siècle, on fait venir l’ardoise depuis Lourdes pour la toiture, qu’on utilise la chaux de bonne qualité produite dans les fours de Montaut.
La pierre, vu son prix élevé, est réservée aux œuvres ou à des parties des bâtiments que l'on considère digne d'intérêt.,
Le calcaire abonde dans cette contrée, en effet, des carrières se trouvant à Nay et à Saint-Abit, procuraient un calcaire à grain de qualité apte à la sculpture.
La chaux provenant des fours de Montaut, comme on l'a vu dans un précédent article, fournissait un très bon liant.
Le crépi ne recouvre pas systématiquement les bâtiments, ce sont surtout les habitations qui en sont badigeonnées. Lorsqu’elles le sont, elles sont ornées sous la retombée du toit d’une « génoise formée d’une ou deux rangées de tuiles creuses présentant leur tranche et recouvertes d’un crépi blanc. »48
Sur l'habitation, l'enduit est plus « raffiné », « il peut jouer des effets de lissé et de gratté, il peut être rehaussé d'un badigeon, généralement teinté d'ocre, mais parfois de rouge, voire de bleu, il peut être découpé en registres par des cordons... Mais l'enduit, quels que soient ses qualités, se soumet toujours à l'ornement de pierre. »
Les bâtisseurs n'hésitaient pas à « tricher », la « vraisemblance suffisait et peu importait que les corniches, les chaînes ou les cordons qui rythmaient la façade fussent faits de pierre ou d'un enduit à son imitation. » Par exemple, des angles de corniches étaient taillés dans la pierre, alors que les éléments droits sont réalisés avec du mortier « tiré au calibre ».[49]
Lorsque l'enduit est appliqué sur des bâtiments utilitaires, il est plus grossier.
Outre les grandes exploitations, les petites ne sont pas dotées d’étages (ou surmontées seulement d’un grenier) et une grange-étable leur est accolée. On trouve « des maisons sas dépendances (sauf une porcherie-poulailler) ayant abrité autrefois des brassiers ou des artisans ; dans les villages proches de Nay, où les tisserands étaient nombreux, les métiers à tisser se trouvaient dans une pièce basse accolée à l’arrière du bâtiment et couverte d’un toit en appentis. On rencontre surtout ce type de constructions aux extrémités des villages. »
- Les différents types de plan
Le plan général des fermes forme une équerre constituée de deux bâtiments, le logis et la grange-étable, « leur façade sur mur gouttereau encadre la cour. » Un espace séparait couramment les deux bâtiments afin d’éviter tout risque d’incendie. Plus tard, à partir de la fin du XVIIIème siècle, des propriétaires qui se sont davantage enrichis, élèveront d’un étage la maison d’habitation par souci d’agrandissement mais aussi par vanité. « Un couloir central qui donne accès à l’escalier individualise désormais les deux pièces du rez-de-chaussée, cuisine et salle à manger ou parfois même salon, tandis que les chambres sont à l’étage ; au-dessus de celui-ci, le grenier garde toujours son importance. »48
L’abbé Bonnecaze, d’ailleurs, se moque de cette vanité à étaler son élévation du niveau de vie. En écrivant sur les habitants de Coarraze, il les décrit comme des gens aimant le luxe « qui les rend pauvre ; ce défaut est presque général dans ce lieu. Ils ont la fureur de bâtir des maisons et la folie de la vanité, et c’est ce qui les perd. » [50] Il rédige cette étude à partir de 1772.
Les grandes exploitations comportent le bâtiment d’habitation avec un étage surmonté d’un grenier, des granges-étables avec plusieurs portes cochères, souvent avec des encadrements de pierre en arc surbaissé. Elles encadrent de trois côtés la cour qui est fermée par un mur de près de deux mètres de hauteur. L’accès à la rue se fait grâce à deux portes, l’une pour les piétons plus petite et l’autre pour les charrettes.
Les signes de richesse dans cette zone sont nombreuses que ce soit des petites ou des grandes fermes. De la rue, on remarque les portails encadrés par des piliers surmontés de décors divers comme des boules, des pignes, des coupes…, de toits-couverts. Un terrier de 1748 de la localité de Pardies-Monein démontre que cette dernière marque de distinction se payait par un impôt de 4 livres. Parfois, le portail « un arc surbaissé et recouvert de dalles plates provenant des carrières d’Arros… »[51] Autre type de portail, celui à deux grands vantaux de bois sur lesquels on dépose un toit recouvert d’ardoises, ce genre est très représentatif dans cette région, mais on le retrouve également dans la vallée du Gave d’Oloron et dans la vallée de l’Ousse.
Lorsqu’on pénètre dans la cour, on remarque au-dessus de la porte d’entrée du logis des linteaux ouvragés, des cartouches réalisés sur du calcaire provenant notamment de la carrière de Saint-Abit, ou des carrières locales. Une pierre de forme rectangulaire généralement, d’un mètre de large sur une trentaine ou quarantaine de centimètres de largeur, contient soit la date de construction, une inscription, le nom du propriétaire, un motif décoratif (volutes, grappes de raisin, parfois stylisé). Les propriétaires aisés n’hésitent pas à donner à cette plaque des dimensions ostentatoires, du haut de la porte d’entrée jusqu’au toit. Les artistes majoritairement sont des artistes locaux.
Le sol de la cour est occasionnellement pavée, « en gros cailloux roulés du gave fichés en terre, qui offrent à l’œil leur bout arrondi ; mais souvent ce pavage n’existe que le long des bâtiments, formant une chaussée pour aller de l’un à l’autre tandis que le reste de la cour, domaine de la volaille, est en terre battue ; dans un coin, le puits ou la pompe ; dans un autre coin, un petit bâtiment bas formant poulailler-porcherie. »
A côté de ces grandes fermes, les petites, les plus courantes, sans étage, comportaient des dépendances également de taille réduite. De ce fait, la maison comportait seulement qu’un rez-de-chaussée et un grenier. Parfois, le logis était moins important que la grange. La porte d’entrée, située au centre de la façade de la maison d’habitation donnait sur une salle servant à la fois de cuisine et de salle commune (dotée d’une grande cheminée qui, de sa hotte, couvrait des bancs), à côté, séparée parfois seulement d’une cloison de planches, une chambre. De la salle commune, un escalier accédait au grenier « la plus belle pièce de la maison, haute et aérée, avec sa magnifique charpente en forme de nef, caractérisée par l’absence de grande poutre faitière. »48 Ce grenier sert à faire sécher la récolte grâce à l’air qui peut s’introduire par des fenêtres mansardées, mais aussi de chambre que l’on peut aménager par le biais d’une cloison et qui s’ouvre par une fenêtre disposée sous le pignon du toit. « C’était la chambre de l’héritier. Les cadets et les grands-parents dormaient dans des appentis attenant dans la cuisine ou à la grange, ou dans des alcôves de la salle commune, généralement placées sous l’escalier qui conduisait au grenier. »48 Ce plan intérieur peut être modifié en ajoutant une pièce au rez-de-chaussée.
- La toiture
La toiture des maisons et des granges-étables se caractérisait par une forte pente, des bardeaux ou du chaume qui seront remplacés par des tuiles plates ou des ardoises. Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les bardeaux et le chaume sont encore utilisés comme l’atteste le cadastre de Bésing daté de 1774.
Sur 16 maisons d’habitation, 4 sont revêtues de paille, 6 de bardeaux et 6 d’ardoises ; concernant les granges, sur 19, 16 sont couvertes de paille, 1 de paille et de bardeaux. Autre document qui atteste encore la présence de bardeaux et de chaume, le récit d’un Bordelais aux mois de juin et juillet 1765. Arrivé à « l’Estelle » (Lestelle-Bétharam), il raconte que toutes les maisons qu’il a vues « sont toutes couvertes à deux eaux ou d’ardoises, dont les carrières ne sont pas éloignées, ou de petites tablettes de hêtre qui imitent celles-ci, ou de paille artistiquement arrangés. »[52]
La tuile et l’ardoise s’implanteront surtout à partir du début du XIXème siècle avec l’accroissement de richesse des gens.
La raison de ces fortes pentes, le souci de détenir un grand grenier, d’utiliser un savoir-faire des charpentiers que l’on retrouve aussi dans les Pyrénées centrales.
Lorsque ces toits à forte pente sont recouverts d’ardoises ou de tuiles, on distingue deux sortes de forme : la « croupe » et la « demi-croupe ». « La forme dite « croupe » donne un toit à quatre pans ; la pente, très rapide en haut, s’adoucit dans le bas pour chercher appui sur les murs… » La cause est à chercher dans le souci de rejeter l’eau de pluie loin des murs. « Le toit « demi-croupe » comporte deux grands pans tombant sur la façade et l’arrière de la maison, et deux pans très courts, souvent à peine marqués, sur les pignons… ce toit … permet l’ouverture sous les pans courts soit d’une bouche d’aération entre toit et mur quand il couvre une grange, soit d’une fenêtre à l’étage quand il couvre une maison d’habitation. »48
- Ornementation
La sculpture se dévoile dans le travail de la pierre et du bois sur les supports suivants : portes et portails. D'après Didier Sorbé, les sujets d'inspiration dépendent du matériau utilisé. L'art populaire (roses, marguerites, soleils, frises et dents de scie...), l'architecture savante (pilastres toscans ou ioniques...) influenceraient les tailleurs de pierre et les maçons, tandis que ce serait la géométrie qui inspirerait les artisans du bois.
Le décor des linteaux s'inspire du répertoire classique : « guirlandes florales, cornes d'abondance, coupes et corbeilles débordant de fruits... L'analyse révèle des séries sous lesquelles se devinent des motifs d'atelier, dont certains sont directement issus des gravures des traités d'architecture. »49
Références :
- Araguas Philippe, Maisons rurales du canton de Garlin, in Cahiers du Vic-Bilh, n°3, juin 1978,p. 20-25)
- Araguas Philippe, Variations autour de l’ostau béarnais du Vic-Bilh et Portrait-robot d’une maison rurale du Vic-Bilh, in Le Festin, n° 31-32, Automne 99, pp. 35-41 et 42-49.
- Pierre Bidart et Gérard Collomb , Pays aquitains, Paris, Berger-Levrault, 1984, coll : L'architecturale rurale en France »
- Cazaurang J.J., Maisons béarnaises, Musée béarnais, Pau, 1978, tome 1.
- Loubergé Jean, La maison rurale, Contribution à un inventaire régional, Edition Créer, 2014.
- Les articles de CAUE 64.
[1] Charte architecturale et paysagère, rubrique : implanter les formes bâties, les fermes, bâti rural dispersé, p. 32.
[2] Jean Loubergé, La maison rurale en BEARN, Les cahiers de construction traditionnelle, Contribution à un inventaire régional, Editions Créer, révision en 2014 par EDICENTRE, p.41.
[3] Charte architecturale et paysagère, tome 1, rubrique : Former les tissus urbains, Les rues de village, leurs variations, p. 42)
[4] Jean-Pierre Dugenne, Les inscriptions et décorations de l’habitat rural ossalois, Edité par Chez l’auteur, 1986, p. 2.
[5] Pierre Bidart et Gérard Collomb , Pays aquitains, Paris, Berger-Levrault, 1984, coll : L'architecturale rurale en France », p. 59.
[6] Abbé Bonnecaze, Variété béarnaises, BULL.SSLA. de Pau, 1910, 2e série, Tome 38, p. 124.
[7] Jean-Pierre Dugenne, Les inscriptions et décorations de l’habitat rural ossalois, Edité par Chez l’auteur, 1986, p. 2.
[8] - J. J. Cazaurang, op.cit., p.40.
[9] Ossau, visages d’une vallée pyrénéenne, CAUE 64, Parc National des Pyrénées, p. 45.
[10] Charte architecturale et paysagère, tome 1, rubrique : implanter les formes bâties, le bâti d’usage agricole, les bordes, p. 34.
[11] J.J. Cazaurang, op.cit., p.38.
[12] Ossau, visages d’une vallée pyrénéenne, op.cit., p. 46.
[13] Jean Loubergé, La maison rurale en BEARN, op.cit., p. 47.
[14] Jean Loubergé, La maison rurale en BEARN, op. cit., p. 49.
[15] Un centre de vie montagnarde dans la Vallée d’Aspe. Le plateau de Lhers, Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, Pierre Dejean, tome 3 , fascicule 4, 1932, p 477-479.
[16] Jean Loubergé, La maison rurale en BEARN, op.cit., p. 53.
[17] Idem., p. 54.
[18] Jean Loubergé, La maison rurale en BEARN, op.cit., p. 69.
[19] Caue 64, L’habitat traditionnel en Oloronais-Jurançonnais, p.3.
[20] Caue 64, L’habitat traditionnel en Oloronais-Jurançonnais, p.3.
[21] Idem., p. 6.
[23] Caue 64, L’habitat traditionnel en Oloronais-Jurançonnais, p.5.
[24] Monique Femenia, L’Arribère, ses villages et leur Histoire, Cercle Historique de l’Arribère, I.C.N., 2021, p. 117.
[25] Idem., p. 305.
[26] Jean Loubergé, op,cit., p. 63.
[27] J.J.Cazaurang, op.cit., tome1, p. 42.
[28] L’habitat traditionnel en Béarn des gaves-Soubestre, CAUE64, p.4.
[29] Jean Loubergé, op,cit., p. 64-65.
[30] L’habitat traditionnel en Béarn des gaves-Soubestre, CAUE64, p.6
[31] Loubergé Jean, Le peuplement et la vie dans les coteaux de Jurançon aux siècles passés, Revue de Pau et du Béarn, n°9, 1981, p. 32.
32- Jean Loubergé, La maison rurale en BEARN, opus,cit., p. 79.
[33] Études historiques et religieuses du Diocèse de Bayonne : comprenant les anciens diocèses de Bayonne, Lescar, Oloron et la partie basque et béarnaise de l'ancien diocèse de Dax / M. l'abbé V. Dubarat, directeur ; M. l'abbé P. Haristoy, fondateur-collaborateur | 1899 | Gallica (bnf.fr), Histoire particulière des villes, bourgs et principaux du Béarn, abbé Bonnecaze, p. 343.
[34] CAUE 64, L’habitat traditionnel en Béarn des gaves-Soubestre, p.3.
[35] Idem., p. 2.
[36] Idem., p. 6.
[37] Jean Loubergé, op,cit., p. 86.
[38] Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Pyrénées-Atlantiques : Vic-Bilh, Morlaàs et Montanérès (cantons de Garlin, Lembeye, Thèze, Morlaàs, Montaner), Direction du patrimoine du ministère de la Culture, de la Communication, des Grands travaux et du Bicentenaire, Collectif, p. 50.
[39] Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Pyrénées-Atlantiques : Vic-Bilh, Morlaàs et Montanérès (cantons de Garlin, Lembeye, Thèze, Morlaàs, Montaner), Direction du patrimoine du ministère de la Culture, de la Communication, des Grands travaux et du Bicentenaire, Collectif, p. 53.
[40] Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Pyrénées-Atlantiques : Vic-Bilh, Morlaàs et Montanérès (cantons de Garlin, Lembeye, Thèze, Morlaàs, Montaner), Direction du patrimoine du ministère de la Culture, de la Communication, des Grands travaux et du Bicentenaire, Collectif, p. 59.
[41] Jean Cazaurang, les maisons béarnaises, op.cit., p 47.
[42] Anglade André, Vic-Bilh, le vieux pays, Editions Gascogne, 2001, p.61-67.
[43] L’habitat traditionnel en Vic-Bilh et Montanérès », CAUE 64.
[44] Jean Loubergé, La maison rurale, op.cit., p. 83-84.
[45] Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Pyrénées-Atlantiques : Vic-Bilh, Morlaàs et Montanérès (cantons de Garlin, Lembeye, Thèze, Morlaàs, Montaner), Direction du patrimoine du ministère de la Culture, de la Communication, des Grands travaux et du Bicentenaire, Collectif, p. 54.
[46] Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Pyrénées-Atlantiques : Vic-Bilh, Morlaàs et Montanérès (cantons de Garlin, Lembeye, Thèze, Morlaàs, Montaner), Direction du patrimoine du ministère de la Culture, de la Communication, des Grands travaux et du Bicentenaire, Collectif, p. 55.
[47] Jean Loubergé, La maison rurale, op. cit., p. 55.
[48] Idem., p. 49.
[49] Jean Loubergé, Villages et maisons rurales dans la vallée moyenne du gave de Pau, Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 29, fascicule 1, 1958, pp. 21-50.
[50] BOUCHÉ Christian, Maisons de Batbielle , Le Festin, n°50, Été 2004, pp. 50-57.
[51] Études historiques et religieuses du Diocèse de Bayonne : comprenant les anciens diocèses de Bayonne, Lescar, Oloron et la partie basque et béarnaise de l'ancien diocèse de Dax / M. l'abbé V. Dubarat, directeur ; M. l'abbé P. Haristoy, fondateur-collaborateur | 1899 | Gallica (bnf.fr), Histoire particulière des villes, bourgs et principaux du Béarn, abbé Bonnecaze, p. 475.
[52] Jean Loubergé, La maison rurale, op. cit., p. 50.
[53] Voyage d’un Bordelais en Béarn et en Labourd (juin-juillet 1765), publié et annoté par Paul Courteault, G. Lescher-Moutoué, Imprimeur, Pau, 1910, p. 14.
Tags : vallée d'Aspe, vallée d'Ossau, vallée de Barétous, région d'Oloron, vallée du Gave de Pau, Vic-Bihl, Montanérès, plaine de Nay, Pays des Luys et du Gabas